340 342 €
Record mondial pour un livre français imprimé. Cette édition originale de Du côté de chez Swann, 1913, accompagnée d’une lettre inédite de Proust, triple l’estimation basse. C’est l’un des cinq exemplaires sur Japon, sans doute celui de Gaston Calmette, directeur du Figaro qui soutenait l’écrivain refusé par tous les éditeurs. Fasquelle et Gallimard ne voulurent pas de l’ouvrage sur lequel André Gide porta un jugement dédaigneux. Bernard Grasset fut le seul à en prendre le risque. Aucun exemplaire sur Japon n’était apparu sur le marché depuis 1953. Il est tombé dans l’escarcelle du libraire français Patrick Sourget.
Sotheby’s, galerie Charpentier, 29 novembre.
1 013 000 €
Plus de 20 fois l’estimation, mais celle-ci a-t-elle un sens lorsqu’il s’agit d’un objet impérial ? C’était le cas de ces 12 sceaux en jade en caractères archaïques, ceux-là mêmes que l’empereur Kangxi (1662-1722), fin lettré, apposait personnellement sur les poèmes, calligraphies et peintures qu’il réalisait. Comment ces trésors historiques étaient-ils entrés dans une collection française dans les années 1900 ? L’expert Michel Beurdeley avance plusieurs hypothèses : peut-être proviennent-ils du Lieou-li-Tchang, le quartier des antiquaires de Pékin ou de chez un vieil eunuque qui aurait amassé un trésor après la mort de l’impératrice Ts’eu en 1908, à moins qu’ils n’aient été vendus par un prince. Ils avaient obtenu le passeport de sortie. Les Asiatiques, venus de Taïwan, Hong-kong et même de Chine continentale, se sont déchaînés. Les sceaux de l’Empereur sont repartis vers leur pays d’origine.
Etude Poulain-Le Fur et étude Ricqlès, Hôtel des Ventes du Palais,
23 septembre.
379 932 €
Commandée en 1724 par le marquis de Bonnac, ambassadeur auprès de la Sublime Porte, cette toile était restée depuis lors dans la même famille.
Elle s’est envolée à plus de quatre fois l’estimation. La peinture orientaliste explose depuis une dizaine d’années sous la pression des amateurs orientaux.
Le tableau a été emporté par un collectionneur turc ainsi qu’un autre tableau de Van Mour sur un thème identique parti à 62 478 euros seulement. Pourquoi cette distorsion ?
« Le premier était admirable de qualité et n’avait pas pris une ride, explique l’expert Frédéric Chanoit, alors que le deuxième était fatigué et usé ». Le prix d’un tableau ancien, c’est aussi son état de conservation.
Etude Gros-Delettrez, Drouot, 18 décembre.
248 141 €
Sept fois l’estimation haute pour cette toile, sévère mais très pure d’Agnès Martin.
Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris a consacré une intéressante rétrospective en 1991 à cette artiste d’origine canadienne, venue très jeune aux Etats-Unis, considérée aujourd’hui comme une figure majeure du Minimal Art. Elle cesse de peindre en 1967 en s’installant au Nouveau Mexique puis reprend son travail en 1974. Sa cote franchit allègrement les 150 000 euros dans les ventes new-yorkaises et à Paris, on a fait tout aussi bien. Ce tableau de 1961 appartient
à la période la plus recherchée de l’artiste, toujours antérieure à 1967. Il faisait partie de la collection Laurence R., dispersée après décès, donc sans prix de réserve. Professionnels et particuliers suisses, belges, américains se sont longtemps battus pour cette œuvre emportée par l’homme d’affaires François Pinault.
Etude Charbonneaux, Drouot, 17 décembre.
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l’œil de l’expert
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°533 du 1 février 2002, avec le titre suivant : l’œil de l’expert