Liotard : c’était le Getty

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1994 - 386 mots

PARIS - Le Getty Museum était le commanditaire de l’achat du tableau Portrait de M. Levett et de Melle Glavani assis sur un divan du peintre suisse Jean-Etienne Liotard, adjugé 9 millions de francs à Drouot par Me Hervé Poulain en juin 1993.

N’ayant pu obtenir son certificat (refus du 27 juillet), l’œuvre est contrainte de rester en France- tout du moins jusqu’à la date limite de juillet 1996, lorsque l’État se trouvera devant l’obligation d’acheter le tableau, de demander son classement comme monument historique, ou de le laisser partir. Me Poulain, qui ne peut donc pour le moment payer son vendeur ni faire livrer à son acheteur son bien, a toujours affirmé que le Liotard avait été acheté par un client suisse qui a enchéri par téléphone, et qu’il ne savait rien d’une éventuelle participation du Getty.

Bien que le richissime musée de Californie dément formellement avoir acheté le Liotard, il semble bien avoir conclu un accord pour son acquisition, avant la vente de Me Poulain, avec le groupe Artemis SA, Association regroupant une dizaine de marchands internationaux créée en 1970 et enregistrée à Luxembourg, Artemis SA aurait donc emporté le portrait de M. Levett avec la dernière enchère de 9 millions de francs, sachant que le Getty le leur achèterait par la suite.

"Artemis a acheté le Liotard fort d’un accord conclu avec le Getty, à savoir que celui-ci l’achèterait si et quand on arrivait à obtenir son exportation", a confié au Journal des Arts George Goldner, ancien conservateur des dessins et des tableaux au Musée Getty, aujourd’hui conservateur au Metropolitan de New York.

Le Getty possède deux Liotard : un pastel d’une jeune fille et une huile (une nature morte). Le Louvre n’ayant aucun tableau du maître suisse, les Amis du musée disposaient de 4 millions de francs – bien plus que son estimation – pour l’acquérir, lors de la vente dirigée par Me Poulain. Or trois clients dans la salle, dont le marchand parisien Bob Haboldt et le représentant d’Artemis au téléphone, ont poussé les enchères bien au-delà de la limite que les Amis s’étaient fixée.

Artemis refuse de démentir ou confirmer l’achat : " Je ne peux faire aucun commentaire concernant cette affaire", s’est contenté de dire Adrian Eeles, de David Carritt Ltd., de Londres, l’un des executive directors du groupe.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : Liotard : c’était le Getty

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