PARIS - Malgré la tenue de Tefaf dans ce même mois de mars, les participants à la Foire de Maastricht comme au Salon du dessin, qui a fermé ses portes le 31 mars, avaient gardé dans leur grande majorité, leurs pépites pour l’événement parisien, ne ménageant pas leur peine pour attirer de nouveaux clients.
Si, par le passé, ont pu être exposées des œuvres plus exceptionnelles que cette année, le niveau global est élevé et les inédits nombreux.
La foule se pressait au palais de la Bourse pour admirer les feuilles, parfois très serrées, mais les 39 stands exigus ne laissaient pas d’autre choix. Il semblait y avoir plus de monde du côté du dessin ancien et du dessin moderne, et un équilibre entre ces spécialités, par rapport au dessin contemporain, plus marginal. « La clientèle du Salon est plutôt classique », note Nicolas Joly, expert en tableaux et dessins anciens. Les visiteurs étrangers n’ont pas boudé l’événement, tandis que les participants ont relevé cette année une présence moins forte des Américains. Selon l’un des exposants, « ce qu’il y a d’agréable sur ce salon, c’est qu’ici, les visiteurs sont de fins connaisseurs, les gens ne viennent pas pour de la simple décoration ! ».
Une Tête de moine à plus d’un million d’euros
Clou de l’édition, une Tête de moine portant capuchon, de Fra Bartolomeo, chez Jean-Luc Baroni, a été vendue avant même le vernissage à un collectionneur privé pour plus d’un million d’euros. Le marchand a aussi cédé un beau Portrait de jeune garçon, du Bernin. L’américain David Tunick, exposant pour la première fois, présentait une magnifique Crucifixion (v. 1555) de Giulio Campi, un dessin préparatoire très soigné, sans doute pour un retable perdu. « Un musée américain essaie de l’acheter », confiait le marchand. Il montrait aussi des œuvres modernes de très grande qualité telles La Chanteuse (1923) de Klee, qui n’a pas trouvé preneur à 3,9 millions d’euros, ou Une famille catalane, un dessin réalisé très tôt, en 1902, par Picasso, proposé à 1,2 million d’euros.
D’autres dessins ont rapidement été vendus, à l’instar d’un fusain d’Auguste Rodin intitulé Celle qui fut la belle Heaulmière (1889), proposé par la galerie de Bayser et acquis par le Musée Rodin. La galerie Aaron s’est séparée d’un dessin très poétique d’Henri Fantin-Latour, Étude pour Louise Riesener, dont le tableau appartient à la collection des Musées royaux des beaux-arts de Belgique. Éric Coatalem a cédé, entre autres, deux œuvres de Léon Spilliaert, lointains échos à Edvard Munch.
Cette édition apparaît donc satisfaisante pour les marchands, le Salon restant très stimulant. Mais Jean-Luc Baroni commente : « Si le marché se porte plutôt bien, en revanche on a le sentiment que le public recherche des images à fort impact visuel. Les dessins qui ne sont pas immédiatement compréhensibles ont du mal à se vendre. Est-ce l’effet d’Internet, qui nous bombarde d’images ? »
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L’inédit fait recette
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°411 du 11 avril 2014, avec le titre suivant : L’inédit fait recette