Art contemporain

L’Inde s’invite à l’ARCO

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 3 février 2009 - 602 mots

Malgré une vingtaine de désistements, l’ARCO garde la face en conviant l’Inde à Madrid. « La foire la plus importante d’Espagne ne garantit pas que les galeries couvrent leurs frais », titrait en décembre dernier le quotidien madrilène El Pais.

ARCO 2008%26copy; D.R.

MADRID - Ce chapeau douche froide s’explique par la situation économique difficile que traverse la péninsule Ibérique, longtemps bon élève de la zone euro. La principale banque espagnole, Santander, aurait ainsi perdu 2,33 milliards d’euros dans l’affaire Madoff. Le ralentissement général couplé au nationalisme encore prononcé des collectionneurs espagnols ont valu cette année à l’ARCO vingt annulations, notamment celle de Laurent Godin (Paris). « L’immobilier se porte mal. Or beaucoup de collectionneurs espagnols sont architectes ou notaires et, en ce moment, ils ont moins d’activité. Les gens sont en attente de pièces plutôt petites. L’ARCO va être l’épreuve de vérité », souligne le galeriste Alex Nogueras (Barcelone), lequel mettra en valeur Ignacio Uriarte et Wilfredo Prieto. Les institutions, dont les achats influençaient la participation des galeries étrangères, risquent aussi d’être moins dispendieuses. Malgré tout, la directrice du salon, Lourdes Fernandez, se veut confiante : « Les musées continueront à acheter, sans doute pas avec les mêmes montants qu’avant. Mais on est en train de convaincre des entreprises. On travaille comme s’il n’y avait pas la crise, soit deux fois plus, pour essayer de satisfaire les galeries. »
Pour donner du tonus à l’événement, la foire a convié l’Inde, un pays que les musées espagnols avaient déjà mis à l’honneur. Ainsi en 2002, le Museo Nacional Centro de Arte Reina-Sofia a organisé les rétrospectives de Bhupen Khakhar et d’Atul Dodiya. L’an dernier, simlutanément à l’ARCO, le photographe Raghu Rai a bénéficié d’une exposition à la Casa Asia de Madrid. Une autre baptisée « India Moderna » se tient jusqu’au 15 février à l’Institut Valencià d’art modern (IVAM) de Valence. « Le timing est bon. C’est une opportunité pour les galeries indiennes de se retrouver sur une plate-forme internationale, ce qui ne nous était jamais arrivé », indique Sharmistha Ray, directrice de la galerie Bodhi Art (Bombay, New York), laquelle orchestre une exposition d’Hema Upadhyay. Certains exposants européens se sont aussi mis à la page indienne, Ursula Krinzinger (Vienne) consacrant un quart de son stand à ses nouvelles trouvailles comme Sudarshan Shetty. Le choix du sous-continent ne fait pas l’unanimité auprès des enseignes ibériques. « L’ARCO doit retrouver une cohérence, une identité, qui passe par l’axe latino-américain. Il faut défendre ce positionnement », insiste Elvira Mignoni, de la galerie Elvira Gonzalez (Madrid). « C’est plus riche d’inviter une année un pays d’Amérique latine et, une autre année, un pays asiatique, défend Lourdes Fernandez. On ne veut pas que la foire se répète et on cherche de nouvelles frontières pour les galeries espagnoles. » Plusieurs galeries parisiennes tablent, elles, sur des expositions personnelles, ainsi Michel Rein avec Raphaël Zarka, Xippas avec Jorge Satorre ou Dominique Fiat avec Hannah Collins. Malgré le souhait exprimé par Lourdes Fernandez à son arrivée, les galeries d’art moderne ne forment plus un secteur à part entière. On y retrouve les grands habitués comme la galerie Lelong (Paris…) ou 1900-2000 (Paris) et ses dessins de Bellmer, Gontcharova ou Pollock. Pour le marchand Marcel Fleiss, « il y a trop d’absents, mais cela changera très vite car des galeries “à la mode” vont fermer ».

ARCO
Direction : Lourdes Fernandez
Nombre de galeries : 250
Tarif : 250 euros le mètre carré
Nombre de visiteurs en 2008 : 200 000

ARCO, 11-16 février, halls 6, 8 et 10 Feria de Madrid, www.arco.ifema.es, les 13, 14 et 15 fév., 12h-21h, le 16, 12h-18h.

Un nouvel espace à Madrid

Si l’architecte britannique Norman Foster a une grande notoriété, tel n’est pas le cas de sa femme, la collectionneuse Elena Ochoa Foster, fondatrice en 1996 de la maison d’édition de livres d’artiste Ivory Press Art Books. Publiant depuis longtemps son magazine CPhoto à Madrid, celle-ci a décidé d’ouvrir un espace pluridisciplinaire. « Je suis totalement séduite par l’énergie, le chaos et la créativité que vous respirez à Madrid, confie l’intéressée. C’est une ville inspirante, heureuse même dans des moments difficiles comme ceux que nous vivons, et généreuse avec les étrangers. » Ce nouveau lieu abritera une librairie, des débats, des happenings, mais aussi trois expositions annuelles réparties sur une superficie de 800 m2. Au programme, Miroslav TichÁ½ à partir du 10 février, puis Ai Wei Wei. Ivory Press Art Books, 48 Comandante Zorita, tél. 39 91 449 0961.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°296 du 6 février 2009, avec le titre suivant : L’Inde s’invite à l’ARCO

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