La succession Jean Marais a déchaîné les passions à Drouot où tous les lots ont été vendus pour un total de 1,9 million d’euros.
PARIS - Le 27 avril à l’hôtel Drouot, à Paris, dans une double salle comble, la dispersion des biens personnels de l’acteur Jean Marais, plus de dix ans après sa disparition, a quadruplé les estimations. Cent pour cent des 500 lots ont trouvé preneur. Quatre cents mains levées et autant d’enchères téléphoniques se sont additionnées aux mille ordres d’achat enregistrés. Durant les deux semaines précédant l’événement, 3 800 catalogues avaient été pris d’assaut, signe augurant d’un succès de la vente. « Les acheteurs étaient pour la majorité d’entre eux des gens du cinéma et du théâtre. On comptait aussi un public (plus tout jeune) d’amis et de relations de l’acteur, des inconditionnels, et enfin quelques photographes américains qui ont emporté des clichés, indique le commissaire-priseur Vincent Fraysse. La vente s’est déroulée dans un silence religieux, du jamais-vu en vingt-cinq ans de carrière ! Il régnait une atmosphère spéciale. L’émotion était tangible. »
La plus belle enchère est revenue à une correspondance intime, à savoir une série de lettres émouvantes de Jean Cocteau adressées à « Mon Jeannot », datées de 1937 à son décès en 1963. Celles-ci furent publiées en 1987 dans Lettres à Jean Marais chez Albin Michel. Pour cet ensemble estimé 30 000 euros, couvrant vingt-cinq ans de passion amoureuse, les enchères ont grimpé à 297 840 euros. Ce lot a été acquis par le collectionneur Alexandre Allard pour le Royal Monceau, en hommage à l’attachement de Jean Cocteau à cet hôtel parisien. Les photographies ont connu un certain engouement, à l’instar d’un beau portrait de Cocteau signé André Villers, composé de 54 carrés photographiques contrecollés, dédicacé « Pour Jean Marais » et parti à 3 965 euros, contre une estimation de 200 euros. Plus surprenante fut l’enchère de 8 920 euros décrochée pour un lot de photos du tournage de La Belle et la Bête en 1945. Il était difficile d’imaginer que cet ensemble estimé 60 euros atteindrait, nonobstant sa valeur affective, plus de 500 euros. Notons également que les œuvres sur papier de Cocteau ont connu plus d’intérêt que ses peintures. Ainsi un superbe Autoportrait à la veste jaune (1952) de Cocteau, estimé 12 000 euros, a été adjugé « seulement » 43 400 euros, tandis que Les Bergers d’Arcadie, grand dessin gouaché, est monté à 39 650 euros à partir d’une estimation de 3 000 euros. Autre lot phare, un Portrait de Jean Cocteau (1916) par Pablo Picasso, dessin à la mine de plomb sur une feuille de carnet, dédicacé « à mon ami Jean Cocteau », s’est vendu 55 764 euros, le double de son estimation. Relevons enfin deux achats effectués par Romain Leray, commissaire de l’exposition « Jean Marais l’éternel retour » qui s’est tenue jusqu’au 3 mai au Musée de Montmartre : un Portrait de Georges Reich, huile sur toile signée Jean Marais, estimée 500 euros et acquise pour 5 580 euros, ainsi qu’un ensemble de pièces de l’atelier de Marais comprenant une cariatide en plâtre représentant Marcel Aymé, une lampe de bureau de Serge Mouille, une table d’architecte, un chevalet, la palette de peintre, les pinceaux et ustensiles de Marais. Le tout s’est envolé à 5 080 euros, dix fois l’estimation.
Estimation : 500 000 euros
Nombre de lots : 502
Résultat : 1,9 million d’euros
En valeur : 100 %
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L’hommage à « Jeannot »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°303 du 16 mai 2009, avec le titre suivant : L’hommage à « Jeannot »