Le marché n’a pas voulu absorber une offre trop abondante et d’une qualité inégale.
PARIS - Le salon Paris Photo peut-il continuer à être un catalyseur pour les maisons de ventes ? C’est l’une des questions que soulèvent les mauvais résultats des vacations de novembre : moins de 10 millions d’euros pour 12 vacations. Cette année, le paysage surpeuplé s’était pourtant légèrement éclairci : Chayette & Cheval et Piasa étaient absents, Tajan organisait ses vacations fin octobre quand Artcurial ou Christie’s ont déplacé une partie de leurs ventes après les attentats. Quelques lots cependant ont obtenu des résultats exceptionnels : un ensemble de Bernd et Hilla Becher de 1972, a été emporté pour 411 000 euros, près de sept fois son estimation chez Sotheby’s ; un tirage de Dora Maar, Les années vous guettent (1936), s’est vendu 325 000 euros chez Christie’s (estimation 100 000-150 000 €). La photographie du XIXe siècle a également été couronnée, chez Christie’s où un ensemble de daguerréotypes de Joseph Philibert Girault de Prangey a totalisé 1,5 million d’euros, ou chez Ader-Nordmann où un panorama anonyme de Pékin de 1850-1960 a été vendu 55 000 euros (est. 15 000-20 000 €). « Les grands collectionneurs viennent chercher les dernières perles », explique Christophe Goeury, expert chez Millon.
Mais, hormis la vente généraliste de Christie’s qui a doublé son estimation basse, d’un montant de 1,5 million d’euros, les résultats sont partout médiocres. Avec un total de 1,5 million d’euros, la vente 100 % noir et blanc de Sotheby’s manque son estimation et voit la moitié de ses lots rester sur le carreau. Même bilan pour la vente de la collection israélienne du Shpilman Institute for Photography, constituée très récemment ; elle est restée en deçà de son estimation basse de 3 millions d’euros, avec près de 40 % d’invendus. Chez Artcurial, la vente consacrée à Pierre Molinier n’a guère eu plus de succès tandis que la vacation généraliste affichait 61 % d’invendus. Tous les opérateurs sont repartis chargés d’invendus : Kapandji Morhange, Yann Le Mouel, Millon, et, pire encore, Tajan (moins d’un quart de lots vendus lors de ses deux vacations).
Marché restreint
Comment expliquer ces contre-performances ? La photographie n’a jamais été tant à la mode et son marché est en pleine croissance. D’après Artprice, l’indice des prix de la photographie a augmenté de 48 % entre 2000 et 2015 et le prix d’un tirage aux enchères a presque triplé en dix ans. Chaque maison souhaite alors s’insérer sur ce créneau à succès – Cornette de Saint Cyr vient ainsi d’annoncer l’inauguration d’un département photo. Mais le marché est restreint : il représente selon Artprice 1 % du produit des ventes de « Fine Art » au premier semestre. Aussi l’offre sature-
t-elle le marché : dix ventes et plus de 2 500 photographies peuvent difficilement rencontrer une demande adéquate. Par ailleurs, nombre de maisons misent sur la quantité au détriment de la qualité. « On ne peut pas tout montrer ! Il y a très peu de sélection au sein des ventes. Avant les catalogues comprenaient beaucoup moins de lots », déplore Christophe Goeury.
À noter encore, les propositions autour de la photographie du XIXe siècle se réduisent à nouveau. On a pu remarquer son absence dans le catalogue de Sotheby’s. « Cela n’était pas une décision, nous ne souhaitons nullement exclure ce pan historique », précisait Simone Klein, directrice Europe du département. Parallèlement, son pendant contemporain et la photographie de mode ou « people » montent en puissance. « Le marché de la photo se porte bien, certes, mais il prend en réalité une autre direction. Le terme de photo est resté le même mais on ne parle plus de la même chose », note Christophe Goeury.
Tous les résultats sont indiqués frais compris tandis que les estimations sont indiquées hors frais acheteur.
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Les vacations de novembre boivent la tasse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°447 du 11 décembre 2015, avec le titre suivant : Les vacations de novembre boivent la tasse