Drouot

Les surprises des Temps Forts

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 17 décembre 2004 - 595 mots

Les premiers résultats des ventes de Drouot montrent que le marché peut encore s’enthousiasmer pour les pièces exceptionnelles.

 PARIS - Le rythme des ventes d’objets de prestige s’est accéléré depuis novembre à Drouot où s’écoulent les lots exposés aux Temps Forts. La plus belle surprise de la saison revient à un bronze de David et Goliath, très beau de ciselure et de patine, indiqué au catalogue comme venant de l’atelier du sculpteur florentin Giovanni Battista Foggini (1652-1725) et proposé par la SVV David Kahn & associés le 29 novembre. Sans certitude qu’il soit le pendant d’un autre bronze conservé à l’Art Museum de Seattle, considéré par certains historiens comme une œuvre du sculpteur lui-même, il était estimé 15 000 à 20 000 euros. Les acheteurs européens dont des Italiens très motivés se sont battus pour cette pièce, jugée comme un authentique chef-d’œuvre, jusqu’à 1,3 million d’euros, un record mondial pour l’artiste et le meilleur prix français pour un bronze italien du XVIIIe. Le même jour, chez Millon & associés, une arme de jet Hoeroa de Nouvelle-Zélande à la forme très épurée, datant de la fin du XVIIIe siècle, a pratiquement volé la vedette au bronze de fonte ancienne La Fortune (1900) de Camille Claudel reproduit en couverture de catalogue. Le premier, estimé 15 000-20 000 euros, s’est envolé à 121 990 euros, confirmant l’intérêt croissant pour l’art océanien. Le second, adjugé 204 520 euros, a légèrement dépassé son estimation haute. La petite toile de Soutine, L’Enfant en bleu assis (1937), échappée par hasard de la vente de la collection Madeleine Castaing chez Sotheby’s, a été adjugée 271 262 euros le 18 novembre par la SVV Baron-Ribeyre, soit un prix comparable aux résultats des autres peintures de l’artiste de la collection Castaing obtenus en juin 2004 chez Sotheby’s à Londres.
Mais, dans un contexte acheteur relativement calme, voire un peu morose, beaucoup de pièces présentées en avant-première dans les salons de Drouot-Montaigne début novembre n’ont pas décollé au-delà des estimations. Ainsi un ensemble d’une quarantaine de pièces d’Alexandre Noll issues de la famille du sculpteur, des œuvres uniques en bois massif réalisées en taille directe et dispersées le 29 novembre à Drouot par la SVV Cornette de Saint Cyr, se sont vendues sans grosse surprise, tout comme le canapé Ours polaire de 1946 de Jean Royère dans sa garniture bleu d’origine en velours rasé, emporté 64 980 euros.
Malgré des enchères honorables, la vente de plusieurs pièces de la collection Gérard Philipe a manqué de punch. Ainsi, 190 490 euros et 72 200 euros ont couronné les deux stabiles mobiles de Calder, mais, pour le plâtre original peint du Pigeon huppé de Picasso, les enchères se sont arrêtées à 137 300 euros. 114 315 euros ont été atteints par l’huile sur toile signée Fernand Léger, Liberté, j’écris ton nom (1952-1953), inspirée du célèbre poème d’Éluard, alors que l’on pouvait espérer qu’elle dépasse les 150 000 euros.
Quant au marché du mobilier XVIIIe, il a montré une fois de plus que le secteur était sinistré (lire ci-dessous). Dans un marché sensiblement à la baisse, l’imperfection ne paie pas. Preuve en est du secrétaire en pente d’époque Louis XV (vers 1745) à décor marqueté, estampillé BVRB et estimé 200 000 à 250 000 euros, ravalé le 3 décembre chez Beaussant-Lefèvre. Seuls deux de ses bronzes étaient d’origine. Et pas un doigt ne s’est levé pour enchérir si ce n’est celui de la propriétaire du meuble qui cherchait à pousser son protégé. Ce stratagème n’a échappé à personne et n’a eu pour effet que de refroidir plus encore l’assistance.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°205 du 17 décembre 2004, avec le titre suivant : Les surprises des Temps Forts

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