Elles sont redoutées, courtisées, et bien souvent critiquées. Qui sont-elles ? Les galeries membres des comités de sélection des foires.
Beaucoup d’entre elles consentent à intégrer ces cercles pour cultiver leurs réseaux. « Cela m’a permis d’être dans une maille internationale, de développer des contacts que je n’aurais pas eus sans cela à l’étranger. Les réunions donnent aussi le la d’une situation locale », indique Kamel Mennour (Paris), membre du comité de sélection de la Foire internationale d’art contemporain (FIAC). Directeur d’Art : Concept (Paris), Olivier Antoine figure à la fois dans le comité de l’Armory Show à New York et celui d’Artissima à Turin. Pour lui, le réseau qu’offre cette collégialité n’est pas toujours activable car les galeries ne partagent pas nécessairement les mêmes lignes esthétiques.
En revanche, la participation à ces cénacles professionnalise les marchands. « On se rend compte qu’il y a en face de nous des gens encore plus professionnels, explique Olivier Antoine. J’ai, depuis, changé la présentation des dossiers d’artistes destinés aux collectionneurs. Avant je faisais des dossiers exhaustifs, maintenant ils sont plus synthétiques, et ça marche ! » En participant aux comités d’événements plus régionaux, les galeries renforcent leur position dominante sur le marché local. Ces manifestations font aussi appel à des galeristes étrangers réputés pour donner du poids à leur sélection. Ces derniers n’y font pas toujours long feu. Kamel Mennour a ainsi quitté le comité d’Art Forum à Berlin, tandis que Michel Rein (Paris) s’est récemment retiré de celui de Viennafair, à Vienne en Autriche.
« Malaise »
Le système est toutefois quelque peu vicié car les membres des comités sont à la fois juge et partie. Les intéressés récusent tout règlement de comptes. « C’est comme si on soupçonnait le jury des Oscars de règlement de comptes !, ironise Rodolphe Janssen (Bruxelles), membre du comité d’ArtBrussels. Dans un comité, une galerie n’a qu’une seule voix. » Malgré l’impartialité dont se drapent les décisionnaires, ressentiments et favoritismes peuvent s’immiscer dans la sélection. Les galeristes ne connaissent pas toujours les programmes sur lesquels ils émettent un jugement. Et les sentences peuvent parfois surprendre, tel le refus d’un projet de Felice Varini proposé l’an dernier par Catherine Issert (Saint-Paul de Vence) à la FIAC. Ou l’exclusion persistante de Georges-Philippe et Nathalie Vallois (Paris) de la Foire de Bâle.
Évincée de la FIAC cette année, la galerie Polaris (Paris) relevait le nombre singulièrement élevé de galeries milanaises depuis l’arrivée de deux galeries d’origine italienne dans le comité. « J’ai toujours un vrai sentiment de malaise, même si je suis objectif, confie Kamel Mennour. C’est un système qui sera inéluctablement amené à être revu. Le jury du Festival de Cannes est composé de cinéastes qui ne concourent pas. Il faudrait qu’une grande foire commence à fonctionner de la sorte pour que d’autres suivent. » Amateurs, critiques d’art, curateurs et directeurs de musées devraient être de plus en plus conviés à participer aux choix. ArtBrussels a ainsi lancé voilà quatre ans un comité de collectionneurs, mais ceux-ci jouent davantage un rôle d’ambassadeurs que de décideurs.
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Les sommités des comités
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°314 du 27 novembre 2009, avec le titre suivant : Les sommités des comités