Ce sont l’École de l’Hudson River et les Luministes qui ont marqué l’avènement de la peinture américaine de paysage. Honorant leur talent – comme celui de leurs confrères plus anciens, plus récents ou plus connus –, Hirschl & Adler présentent \"Notre lumineux pays : Tableaux topographiques américains, 1770-1930\" (jusqu’au 28 janvier).
Les merveilles du Nouveau Monde y figurent en bonne place, de Whiteface Mountain, 1854, de J. F. Kensett à une vue de San Francisco, après la ruée vers l’or, de George Burgess. Le mot "topographique" englobant aussi les réalisations humaines, l’exposition comporte de nombreux paysages urbains, surtout new-yorkais, dont une vue aérienne du Lower Manhattan tel qu’il apparaissait à William Hill depuis la flèche de Saint-Paul en 1855.
La "vue à vol d’oiseau", genre bien connu de l’histoire de l’art – depuis les vues en plongées imaginaires des graveurs de la Renaissance jusqu’aux images de la Terre photographiée de l’espace par la NASA –, est particulièrement chère au cœur d’Yvonne Jacquette. Son regard s’est posé depuis peu sur les ville ; ses peintures et ses pastels des vertigineux gratte-ciel de Manhattan font le bonheur des inconditionnels de la vue aérienne. Elle revient chez Brooke Alexander (16 janvier-11 février) avec de nouvelles vues de New York, où elle regarde la ville de moins haut, d’une fenêtre ou d’un clocher.
Rachel Adler (7 janvier-11 février) a réuni des paysages citadins exécutés par des émules de Fernand Léger et de Le Corbusier, dans une exposition intitulée "L’arête de la ville" (jusqu’au 28 janvier), et parmi les quatre "Nouveaux Paysagistes" présentés par Associated American Artists, Ellen Levy rappelle l’effondrement catastrophique du Hartford Civic Center (19 janvier-25 février). Les photographies grand format de l’Allemand Andreas Gursky, spécialisé dans la banalité urbaine, sont à la galerie 303 (du 7 janvier au 11 février), tandis qu’Ubu, une nouvelle galerie comptant Ross Esman parmi ses associés, expose Carl Goldhagen, dont les gravures de sites industriels déclassés, exécutées sur plomb ou cuivre, sont rehaussées d’or et d’argent à l’électrolyse. Il est l’un des quatre photographes d’"Interventions"(10 janvier-4 février).
Nicole Klagsbrun présente le travail de Simon Attie, un photographe américain qui vit en Allemagne. Il a exploré, à Berlin, les sites liés à l’histoire des juifs et projette ces images dans "Écrit sur le mur" (14 janvier-11 février). Dean McNeil a photographié des sculptures – découvertes dans les "cités des morts" américaines et européennes – pour ses tirages grand format en noir et blanc visibles chez Tenri (18 janvier-12 février).
Robert Miller a exhumé des archives de Diane Arbus une série de photographies prises à l’intérieur de cinémas, à la fin des années cinquante et au début des années soixante. D’un format inférieur au 20 x 25 cm standard, elles n’ont encore jamais été publiées ou exposées (10 janvier-4 février).
Eleanor Antin présente sa dernière installation chez Ronald Faldman (14 janvier-18 février). "Minette Lane : une histoire de fantômes" transforme le spectateur en voyeur, épiant à travers trois fenêtres le déroulement de trois histoires imbriquées. Situées dans le Greenwich Village de l’après-guerre, elles mettent en scène Miriam, un petit spectre de douze ans (les mânes de John Collier ?), qui chamboule la vie de trois personnes.
Roberta Smith écrivait récemment dans le New York Times que l’installation était devenue la "lingua franca" de la scène artistique internationale : pour preuve, la Biennale de São Paulo. On ne s’étonnera donc pas d’en trouver plusieurs – dont celles de Helio Oiticica chez Marian Goodman et celles de Waltercio Caldas et Cildo Meireles chez Lelong – à l’occasion du fantastique "Brazil in New York" exposé dans neuf galeries de Manhattan ce mois-ci (les autres galeries sont Ledia Flam, Alexander, Cowles, Klagsbrun, Nossi, Miller et Marc Pottier with The Contemporary au 45 Greene St.). Le Drawing Center et le New Museum sont de la partie, ce dernier avec une installation de Valeska Soares visible vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans la vitrine du musée.
Les "Medals of Dishonor" créées par David Smith entre 1937 et 1940 – période infamante et scélérate – sont le sujet d’une exposition chez Matthew Marks "uptown" (jusqu’au 28 janvier). Les quinze reliefs en bronze – accompagnés ici de dessins, collages et moulages expérimentaux – n’ont pas été réunis depuis leur première apparition chez Marian Villard, en 1940.
Plusieurs expositions de sculpture attestent de la diversité artistique des années soixante. Knoedler a choisi des spécimens des séries "Roof" et "Cage" de Herbert Ferber (7 janvier-1er février) ; Frumkin-Adams présente un examen des constructions post-surréalistes capricieuses exécutées par H. C. Westerman à la même époque (5 janvier-1er février), tandis que les constructions d’Alfonso Ossorio – également de cette période – remplissent l’espace de Zabriskie (11 janvier-11 février). En 1966, Carl André exécuta une sculpture verticale, Sable de Calcaire "Instar", dont l’original fut détruit, sauf un élément conservé à la Oeffentliche Kunstsammlung de Bâle. André vient de recréer les huit éléments (en brique réfractaire) de la sculpture chez Gagosian "uptown" (10 janvier-11 février).
La sculpture abstraite est représentée ce mois-ci par de nouvelles œuvres en bois et fibre de verre de John Duff chez McKee (20 janvier-25 février) et par les constructions linéaires en métal de George Dudding chez Beitzel (5 janvier-4 février).
Les peintures abstraites des années soixante, de deux contemporains de Ferber, Westerman et Ossorio, Jack Tworkov et Alfred Jensen, sont respectivement chez Emmerich et chez Pace (13 janvier-11 février). Robert Miller a accroché des petites peintures de Louise Fishman (10 janvier-4 février). Les peintures lustrées avec pigment et résine sur panneaux de bois de Dario Urzay sont chez Auchencloss (19 janvier-25 février), et de nouvelles compositions linéaires de Bruno Rousselor sont exposées chez Lennon-Weinberg (5 janvier-4 février).
À Exit Art, cinq conservateurs du Whitney, Robert Storr du MoMA, Nancy Spector du Guggenheim, Jennette Ingeberman et Paop Colo d’Exit Art ont monté "Comment jouez-vous le jeu". Tour à tour, ils ont systématiquement réagi aux œuvres choisies et accrochées par leurs prédécesseurs, ajoutant de nouvelles pièces, en éliminant d’autres – souvent avec textes à l’appui.
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Les Luministes chez Hirschl & Adler
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Les Luministes chez Hirschl & Adler