France

Les grandes maisons de ventes se refont une santé

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 1 septembre 2015 - 808 mots

Avec Christie’s en tête, les dix premiers opérateurs de ventes aux enchères en France affichent une hausse de 20 % du chiffre d’affaires total par rapport à l’an dernier, laissant toujours Drouot à la traîne (-13,1 %).

PARIS - Les dix premières maisons de ventes françaises sont plutôt en forme : elles affichent une hausse de 20 % par rapport à l’an passé, alors que leur croissance n’était que de 4 % de 2013 à 2014. Dans un total de 488 millions d’euros pour cette première partie d’année, le trio de tête pèse lourd puisqu’il représente 355 millions d’euros ( 18,3 %). Christie’s souffle la première place à Sotheby’s avec un total de 123 millions d’euros, soit une croissance de 56 % par rapport à l’an passé (78,9  millions d’euros). « Contrairement aux idées reçues, Christie’s France ne fait pas qu’exporter pour Londres ou New York. Nous avons très bien su vendre des “œuvres sourcées” tant en France qu’à l’extérieur. C’est le cas de la vente de la collection Triton, qui venait de Hollande et de la vente du Kota de William Rubin, qui provenait de New York », commente Édouard Boccon-Gibod, directeur général de Christie’s France. Il poursuit : « Notre bond en avant est aussi dû à des ventes bien intégrées dans le calendrier du marché de l’art français, comme lors du salon du dessin par exemple ». Le chiffre d’affaires total de la maison s’élève à 184 millions d’euros, ce qui porte le produit des ventes privées à 61 millions d’euros (contre 6,1 millions en 2014). Un chiffre considérable mais « l’objet même d’une vente privée, c’est que rien n’est dévoilé », conclu Édouard Boccon-Gibod. Sotheby’s descend à la seconde place (116,4 millions d’euros), tandis qu’Artcurial prend la troisième place (115,5 millions d’euros), notamment grâce à son département « automobiles de collection », dont la croissance a été portée par le succès de la Collection Baillon et de la vente de Rétromobile qui a totalisé 45,5 millions d’euros. Une aubaine, puisque sans les ventes de voitures, Artcurial ne dépasserait pas la barre des 60 millions d’euros. Pour continuer de rivaliser avec les deux maisons anglo-saxonnes, il faudra qu’elle renforce ses ventes d’art impressionniste, moderne et contemporain, qui récoltent trois fois moins que Sotheby’s (46,9 millions d’euros).

L’importance des ventes de collection
Quoi qu’il en soit, pour tous les opérateurs de vente volontaire (OVV) dont le chiffre a augmenté de façon significative, des collections prestigieuses ou des œuvres importantes ont fait la différence. C’est le cas de la maison de ventes Aguttes, qui voit son chiffre d’affaires augmenter de 71 %, passant de la 7e à la 4e place, avec 28,6 millions d’euros. « Nous avons eu de la chance car de nouveaux collectionneurs nous ont confié deux œuvres de Sanyu. Ce qui fait toute la différence, c’est de bien maîtriser sa vente et connaître ses acheteurs », commente Claude Aguttes. Ces deux œuvres ont rapporté plus de 8 millions d’euros à la maison de ventes. Même constat pour la maison bellifontaine Osenat (9e place) avec un produit d’adjudication de 15 millions d’euros ( 50 %), une croissance en partie due à la vente de la collection de Bonnard d’Antoine Terrasse (5,5 millions d’euros). Au registre des déceptions, Piasa perd 1 million par rapport à 2014 avec 16 millions d’euros de total. L’OVV se maintient en matière de design, mais l’opérateur a organisé moins de ventes traditionnelles et a manqué de collections personnelles.

La plus grosse des déconvenues concerne l’hôtel des ventes Drouot qui baisse de nouveau (-13 %), totalisant 192 millions d’euros contre 221 millions au premier semestre 2014. « Si l’on soustrait du total les bilans de Piasa, Cornette de Saint-Cyr et Tajan, qui nous ont quittés depuis, la baisse réelle n’est que de -5,8 %, un chiffre constant, qui correspond à une baisse du produit moyen des ventes s’expliquant par le fait qu’un segment du marché est un peu touché : les ventes classiques, soit notre cœur de métier », explique Olivier Lange, directeur général de Drouot. « Notre chiffre d’affaires du mois de juin 2015 est supérieur à celui du mois de juin 2014 ( 5,6 %). Et nos objets ne sont pas importés ! », lance Olivier Lange. Dans ces conditions, l’on peut se demander si une antenne à l’étranger ne ramènerait pas davantage d’objets ? « C’est peut-être une option, mais pour le moment, le mois de décembre est déjà très rempli. Au lieu de se caler sur les temps forts, c’est-à-dire juin et décembre, il faudrait se caler sur les salons parisiens. C’est idiot de faire des ventes de tableaux anciens en décembre, alors que la clientèle internationale est là en novembre pour Paris Tableau. Les étrangers viennent au moment des foires », souligne Cécile Bernard, directrice du développement de l’hôtel des ventes parisien, qui ne manque pas d’idées.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°440 du 4 septembre 2015, avec le titre suivant : Les grandes maisons de ventes se refont une santé

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