PARIS
L’exposition de dessins présentée à la Galerie Alexis Bordes a démarré sur les chapeaux de roue. À mi-parcours, plus de la moitié des œuvres exposées ont déjà trouvé preneur.
Paris. Prévue lors du Salon du dessin – annulé cette année en raison de la crise sanitaire –, l’exposition de la galerie Alexis Bordes consacrée aux dessins du XVIe au XXe siècle a finalement ouvert ses portes le 12 mai, dès le confinement levé. Depuis quinze ans, le marchand s’est singularisé en organisant dans son espace, en marge du Salon, une exposition accompagnée d’un catalogue, afin de profiter des milliers de collectionneurs et conservateurs venus du monde entier à Paris à ce moment-là. Pour maintenir le lien avec ses clients durant le confinement, Alexis Bordes leur a envoyé chaque semaine une newsletter, avec un focus sur une œuvre issue de l’exposition. « Grâce à cela, et à la confiance des amateurs, fruit d’un travail de vingt-cinq ans avec un fichier de 4 000 noms à la clé, nous avons conclu quatre ventes, commente le marchand. Comme les gens s’ennuyaient à mourir entre quatre murs, nous avons eu un retour incroyable. Quand j’ai commencé à vendre en plein confinement, j’étais vraiment rasséréné car nous n’avions aucune visibilité. »
L’exposition regroupe vingt-quatre œuvres, majoritairement françaises, les feuilles anciennes occupant les deux tiers de l’espace, pour des prix allant de 8 000 à 60 000 euros. Un catalogue a été réalisé pour l’occasion. « Il y a un vrai travail de valorisation des œuvres. Nous sommes dans un marché très sélectif où les collectionneurs sont très exigeants. Ils veulent le “top” des grands artistes et les œuvres majeures des petits maîtres. Cultivés, passionnés et très maniaques, ils ont besoin d’être rassurés sur l’attribution, donc les œuvres doivent être bien documentées. » Le catalogue restitue ce minutieux travail de recherche.
Sur les vingt-quatre pièces exposées, quatorze ont déjà été vendues – dont quatre pendant le confinement – à des clients français, essentiellement, mais aussi à des Belges et des Suisses. « Nous vendons beaucoup de dessins entre 10 000 et 25 000 euros car ce sont des prix abordables, par rapport à la peinture », indique le galeriste.
La pièce phare de l’accrochage, provenant de la dispersion de la collection Ribes chez Sotheby’s à Paris en décembre dernier, est un pastel de Joseph-Marie Vien, Portrait de Madeleine-Geneviève Guillieaumon née Dupuis. Affiché à 120 000 euros, il est daté de 1722, soit du tout début de l’arrivée du pastel en France, diffusé par la peintre vénitienne Rosalba Carriera lors de son passage à Paris en 1720. Figurent également dans l’exposition Renaud et Armide, de François Marot (1666-1719), un dessin à la pierre noire et sanguine (15 000 €) ; une Académie d’homme au bras levé, vers 1820, attribuée à Louis Eugène Larivière (12 500 €, [voir ill.]), ou Portrait d’enfant, une sanguine de Greuze. Parmi les feuilles déjà vendues, citons Vénus et l’Amour, 1767, de François Boucher, un dessin préparatoire pour une gravure ; Portrait d’une dame, vers 1620, de Daniel Dumontier (moins de 30 000 €), ou encore Chemin au crépuscule, 1879, une aquarelle d’Henri Joseph Harpignies.
Cette année, la saison va se prolonger jusqu’à la fin juillet. « Je pense qu’elle va être très active, surtout avec une épargne de 80 milliards des particuliers pendant trois mois. Les gens veulent revivre et se faire plaisir ! », veut croire le galeriste.
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Les feuilles de dessin font un carton
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°549 du 3 juillet 2020, avec le titre suivant : Les feuilles de dessin font un carton