Spécialiste d’art ancien, Éric Coatalem s’autorise une petite incursion dans l’art moderne avec l’exposition d’une vingtaine de feuilles de Gustav Klimt
PARIS - Éric Coatalem le concède, son choix d’organiser une exposition de dessins de Gustav Klimt parallèlement à la Biennale des antiquaires, qui se tient (jusqu’au 21 septembre) à cinq minutes à pied de sa galerie, située dans le 8e arrondissement parisien, est loin d’être innocent. Préférant réserver ses efforts pour la foire de Maastricht, où il sait qu’il trouvera une clientèle motivée, le marchand saisit l’occasion pour présenter une belle sélection d’une vingtaine de feuilles de Klimt réalisées entre 1901 et 1918, accumulées par lui au fil des ans.
L’atelier du maître de la Sécession viennoise était connu pour son ambiance libérée, ses jeunes femmes dévêtues évoluant avec langueur et ses dessins, exécutés par centaines, jonchant le sol. Ce foisonnement de feuilles vient aujourd’hui au secours des collectionneurs, découragés par la rareté et, a fortiori, par les prix dissuasifs de tout tableau de Klimt apparaissant sur le marché. En témoigne un Nu couché cédé plus de 500 000 livres sterling (620 000 euros) le 26 juin chez Sotheby’s Londres. Ce prix reste exceptionnel, car la moyenne pour une belle feuille tourne plutôt autour de 150 000 euros, mais il dénote d’une demande croissante pour l’art sécessionniste. Demande stimulée par l’ouverture en 2001 du Musée Léopold à Vienne, en Autriche, et par les restitutions faites aux héritiers de Juifs spoliés. Rappelons également quelques achats tonitruants comme celui du Portrait d’Adèle Bloch-Bauer de Klimt par Ronald S. Lauder pour 135 millions de dollars (95 millions d’euros) en 2006, sans compter la hausse générale du marché du dessin. Et, en toute logique, apparaissent de nombreuses œuvres jalousement gardées jusqu’à maintenant.
Dans les piles de dessins retrouvées à la mort du peintre, tout n’était pas de qualité égale, et une autorégulation du marché est en cours. Conservateur à l’Albertina de Vienne, Marian Bisanz-Prakken prépare actuellement un supplément aux quatre volumes du catalogue raisonné des dessins de l’artiste. Seront ainsi incluses nombre de feuilles ici présentées. La sélection est intéressante en ce qu’elle réunit les esquisses que l’artiste exécutait pour « se délasser » et des dessins préparatoires à des œuvres connues, comme la frise Beethoven du palais de la Sécession à Vienne ou le décor mural pour le palais Stoclet à Bruxelles. Citons l’ébauche du portrait d’Adèle Bloch-Bauer, ainsi que celle du célèbre tableau Danaé – déjà présentée lors de la superbe exposition de dessins du maître « Papier érotiques », organisée au Musée Maillol à Paris en 2005. Mais les plus belles feuilles sont sans nul doute ces dessins réalisés sur le vif, témoignage du désir insatiable du prédateur qu’était Klimt. Éric Coatalem se dit séduit par la sensualité de ces premières intentions, et surtout par « l’intelligence du geste ». Reste à savoir si la clientèle du marchand, pour la majeure partie fidèle aux XVIIe et XVIIIe siècle, succombera au charme sulfureux de ces esquisses.
GUSTAV KLIMT, jusqu’au 4 octobre, galerie Éric Coatalem, 93, faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 42 66 17 17, www.coatalem.com, du lundi au vendredi 10h-13h et 14h-18h30, le samedi sur rendez-vous.
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Les femmes de Klimt s’invitent chez Coatalem
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°287 du 19 septembre 2008, avec le titre suivant : Les femmes de Klimt s’invitent chez Coatalem