La vente des photographies des années vingt et trente ayant appartenu à Helene Anderson a remporté, le 2 mai chez Sotheby’s à Londres, un succès dépassant toutes les espérances. 210 des 221 lots ont été vendus pour un total de 2,06 millions de livres (environ 19,4 millions de francs, frais compris). Selon Sotheby’s, ce résultat est le plus élevé jamais atteint par une vente de photographies à Londres et un record mondial pour une collection. Le marché a ainsi balayé les questions surgies à propos de la brusque apparition d’une collection totalement inconnue.
LONDRES. "La salle était bondée. Tous les marchands étaient là, ainsi que plusieurs conservateurs, des collectionneurs… La vente a duré quatre heures dans une ambiance extraordinaire. Je n’avais jamais vu cela", commente le marchand Alain Paviot, rendant hommage au maître des cérémonies, Philippe Garner, qui tenait le marteau. "Jusqu’à présent, le marché de la photographie du XXe siècle était à New York, Londres étant spécialisée dans le XIXe. Cette vente est vraiment inédite", ajoute le marchand américain Hans Kraos. La recette du succès, selon lui : "une collection de très grande qualité, jamais vue auparavant". Deux très beaux tirages d’Edward Weston, Fragment (détail d’un nu, reproduit ci-dessus) et Shells (coquillages), ont atteint tous deux le sommet de 111 500 livres (1,09 million de francs), l’un décuplant son estimation, l’autre la multipliant par cinq. Une troisième épreuve du photographe américain, également intitulée Shells, s’est hissée jusqu’à 87 300 livres (820 650 francs). Une étonnante tête de chat par Umbo a été vendue 69 700 livres (655 000 francs), contre une estimation de 8 à 12 000 livres, tandis que deux Fotogram de Man Ray atteignaient respectivement 47 700 et 43 300 livres (environ 450 000 francs). Selon les observateurs, les marchands allemands ont été particulièrement actifs. Certaines images, comme celles d’Albert Renger-Patzsch, tirées dans des formats exceptionnels, ont donné lieu à de belles bagarres. Le marché n’a donc pas été troublé par le mystère entourant l’origine d’une collection sans faille. Peu d’informations ont été livrées sur Helene Anderson : elle est née en Silésie en 1891 ; elle a étudié la photographie à la fin des années vingt à Berlin, où se croisent les avant-gardes et où elle a commençé à rassembler les images. À la déclaration de guerre, en 1939, la collection est mise à l’abri en Silésie, avant de revenir à Francfort dans la maison qu’Helene Anderson occupa jusqu’à sa mort en 1970. Plus de vingt ans après sa disparition, son fils découvre le trésor dans des cartons et des malles. "Nous devons nous fier aux informations qui nous ont été communiquées", estimait un acheteur après la vente. "La photographie est propice à de telles découvertes, commentait un autre participant, et le marché est encore jeune. S’il s’était agi d’une collection de tableaux, sans doute aurait-il été plus exigeant."
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les fabuleux comptes d’Anderson
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°38 du 16 mai 1997, avec le titre suivant : Les fabuleux comptes d’Anderson