La reprise de la croissance du marché en France, en particulier dans les ventes publiques, soulignée dans le JdA n° 67 (25 septembre) rendant compte des statistiques de Art Sales Index, ne semble pas s’accompagner de changements importants dans les échanges extérieurs ni dans les comportements des opérateurs. C’est du moins ce que pourraient laisser penser les derniers chiffres de l’Observatoire des mouvements internationaux d’œuvres d’art.
PARIS - Les statistiques que regroupe et étudie chaque mois l’Observatoire des mouvements internationaux des œuvres d’art comportaient en octobre d’intéressantes récapitulations sur les dix-huit derniers mois (janvier 1997-juillet 1998). Il faut rappeler que depuis l’ouverture du marché unique, les échanges de la France se distinguent entre les exportations, déclarées en douane, et les transferts intra-européens qui ne sont suivis que pour les opérations des professionnels soumis à la déclaration d’échanges de biens. Les chiffres peuvent s’en trouver affectés en valeur absolue mais restent significatifs.
En ce qui concerne les peintures, les exportations de la période oscillent autour d’une moyenne de 150 millions de francs mensuels, avec comme d’habitude des amplitudes : sur la période, des pointes autour de 250 millions ont été observées en mars, juillet et octobre 1997 ainsi qu’en juillet 1998, des creux à 100 millions ou moins en août et novembre 1997. Dans le même temps, les importations évoluaient autour d’une moyenne de 50 millions par mois, Depuis le début de 1998 – février pour les exportations, mars/avril pour les importations –, les chiffres semblent s’orienter à la hausse. Le différentiel export/import reste largement en faveur des exportations.
3 800 demandes de certificat de libre circulation cette année ?
En valeur, viennent ensuite les objets d’antiquité – dont le mobilier et les arts décoratifs – avec des moyennes mensuelles de 50 millions de francs à l’exportation et de 15 millions à l’importation. Les profils des courbes sont plus accentués que pour la peinture, et l’on remarque même deux mois (mai 1997 et mai 1998) où les importations équilibrent les exportations. La tendance récente semble être à une légère hausse. La sculpture se situe en moyenne à 25 millions d’exportation et 7,5 millions d’importation, avec de fortes amplitudes : par exemple, autour de 50 millions d’export en décembre 1997, avril et juin 1998, et près de 30 millions d’import en juin 1997.
Les comptes rendus d’activité des demandes de certificat de libre circulation à la Direction des Musées de France (DMF) sont également intéressants : 1997 a vu un maximum à 3 301 demandes (pour 2 800 en 1996, 1 797 en 1995, 2 477 en 1994 et 2 328 en 1993) qui va certainement être dépassé en 1998 – à fin septembre, 2 949 demandes avaient été déposées ; au même rythme, la DMF devrait comptabiliser entre 3 500 et 3 800 demandes sur l’année. Comme les échanges évoluent peu, on peut penser que les opérateurs, qui ont maintenant complètement intégré le dispositif, se couvrent davantage en présentant leurs demandes un peu plus tôt. L’effet Biennale est également à prendre en compte, avec environ 150 demandes de plus de juin à septembre.
L’initiative reste aux négociants : 1 452 demandes en 1997, soit 44 % du total, et 1 402 demandes à fin septembre 1998, soit 47,5 %, suivis des commissaires-priseurs (900 à fin 1997, 785 en septembre 1998, soit 27 %), des transitaires (700 et 667, soit 21 % et 22 %). Par contre, les propriétaires privés ont été plus prudents : cette année de 7,5 %, ils sont revenus à 3,2 % des demandes. Il est vrai que les chiffres de 1997 avaient été tirés à la hausse par des demandes exceptionnellement élevées en mai (145 demandes de certificat).
La ventilation par catégorie d’œuvres fait prédominer l’archéologie, les demandes devant se faire au seuil de prix 0 : 47 % des demandes en 1997, 46 % en septembre 1998. Les objets d’art restent à 20 %. Suivent les dessins, de 16 % à 18,6 %. Ceci pourrait laisser penser que la nouvelle catégorie (gouaches, aquarelles et pastels) n’est pas encore complètement prise en compte. La peinture passe de 12,3 % à 10,7 % des demandes de certificat.
Globalement, on peut constater une stabilité des échanges extérieurs de la France sur le marché international et de faibles modifications des comportements des opérateurs. Cela pourrait indiquer que le marché français est ou est devenu moins sensible aux influences extérieures, mais aussi que les opérateurs français attendent une consolidation avant de se réengager à l’international.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les échanges extérieurs de la France : stabilité et prudence
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°71 du 20 novembre 1998, avec le titre suivant : Les échanges extérieurs de la France : stabilité et prudence