La galerie La Cymaise, à Paris, expose une vingtaine d’œuvres de deux artistes du groupe de Pont-Aven, Henry Moret et Ferdinand du Puigaudeau. Très influencés par l’impressionnisme, les deux peintres ont su conserver leurs caractères personnels sans pour autant négliger l’apport du Synthétisme de Gauguin et de Bernard.
Paris - Pour la première fois, les marchands Amaury de Louvencourt, directeur de la galerie La Cymaise, à Paris, et Jean-Yves Rolland, directeur de la Galerie du Post-Impressionnisme, également à Paris, ont collaboré à l’organisation d’une exposition. Le sujet leur tient à cœur, tous deux étant férus de l’école de Pont-Aven. Le contexte semble idéal, car le centenaire de la mort de Gauguin est l’occasion de plusieurs manifestations rétrospectives et offre l’opportunité de mieux connaître son entourage, comme en témoigne l’exposition du Musée du Luxembourg (lire p. 8). En outre, Jean-Yves Rolland, déjà coauteur avec Marie-Bénédicte Baranger d’une monographie consacrée à Henry Moret, prépare le catalogue raisonné de l’œuvre de l’artiste.
Henry Moret (1856-1913) et Ferdinand du Puigaudeau (1864-1930) sont des peintres associés à l’école de Pont-Aven, ce groupe d’artistes tellement hétérogène et à la géométrie si variable... Amis de Gauguin, ils sont tous deux restés fidèles à la Bretagne et ont assimilé les influences du Synthétisme et de l’impressionnisme à travers le filtre de leur propre personnalité. Méconnues du public, les œuvres de Moret et Puigaudeau méritent l’attention nouvelle qui leur est portée.
Le plus célèbre des deux, Henry Moret, a suivi une formation académique. Lorsqu’il rencontre Gauguin à Pont-Aven en 1886, il est empreint de fortes conceptions classiques qui ont continué de marquer ses toiles jusqu’en 1889. Les tableaux qu’il réalise entre 1890 et 1895 montrent une intégration des théories de Paul Gauguin et Émile Bernard, qui prônent l’organisation de la composition en plans étagés et en masses colorées. Moret n’en devient pas pour autant “synthétiste”, et il maintient une certaine distance entre sa pratique et les préceptes du maître. Ses séjours dans les îles bretonnes et sa rencontre avec le marchand Paul Durand-Ruel influencent définitivement sa peinture. Ses toiles sont alors principalement consacrées aux paysages marins, et sa technique se rapproche toujours plus de l’impressionnisme de Monet.
Parmi les sept tableaux de Moret réunis pour l’exposition, qui sont proposés à la vente environ 65 000 euros pièce, Les Battages en Bretagne est l’œuvre la plus marquée par le discours de Gauguin et rappelle la production du maître lors de son séjour au Pouldu. Les Falaises et Pêcheurs sur le sentier, plus impressionnistes, conservent la rigueur de construction propre aux artistes de Pont-Aven et accusent l’influence des estampes japonaises.
La carrière de Ferdinand du Puigaudeau est bien différente. D’un tempérament difficile et indépendant, l’artiste est un autodidacte qui a appris la peinture aux seuls contacts de la nature et des maîtres anciens. Redevable à Georges de La Tour et aux luministes américains, la production de Puigaudeau s’inscrit dans la mouvance de l’impressionnisme et n’est pas véritablement pénétrée par le Synthétisme de Pont-Aven, où l’artiste a néanmoins longuement séjourné. Puigaudeau y mène des recherches solitaires et originales sur les éclairages et les scènes nocturnes. Cette particularité est mise en avant dans l’exposition grâce à des toiles comme Procession de nuit à Saint-Pol-de-Léon, Fête de nuit au Croisic et La Procession à Hanvec. Après 1900, le peintre abandonne les sujets nocturnes pour s’intéresser aux paysages ensoleillés. Retiré en Bretagne, celui que son ami Degas désigne comme “l’ermite du Kervaudu” s’attache à rendre les jeux de la lumière dans la nature avec des tableaux tels que Jardin de Kervaudu, Roses trémières, La Treille au bord de la rivière ou La Charrette au bord du chemin. Les prix des quinze toiles de Puigaudeau exposées se situent autour de 50 000 euros.
Jusqu’au 23 mai, galerie La Cymaise, 174 rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 42 89 50 20, du lundi au vendredi 10h-12h30 et 14h-18h30.
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Les disciples de Pont-Aven
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°169 du 18 avril 2003, avec le titre suivant : Les disciples de Pont-Aven