Le marché de la joaillerie est au zénith, boosté par la hausse des prix pour les diamants. Sotheby’s et Christie’s ont battu des records à Genève.
GENÈVE - La place genevoise des ventes aux enchères de bijoux a une nouvelle fois étincelé. Christie’s a fêté ses quarante ans de présence en Suisse avec un total de 59,2 millions de francs suisses (36,8 millions d’euros), soit un record pour ses ventes de bijoux. Les diamants blancs et de couleur, dont la demande ne cesse de croître, ont mené la danse. Leur prix a doublé en moins de quatre ans. Les diamants ont également pesé lourd dans la balance de son principal concurrent, Sotheby’s, dont la vente était plus équilibrée, plus glamour, avec nombre de pièces Art déco, souvent signées et auréolées de prestigieuses provenances. Un catalogue supplémentaire était composé d’une soixantaine de bijoux précieux provenant de la collection Lily Marinho, l’élégante femme d’un magnat de la presse brésilien. Le résultat a été détonnant puisque, avec peu d’invendus, la maison de ventes a réalisé un chiffre d’affaires de 60 millions de francs suisses (36,8 millions d’euros), soit 50 % de plus que l’estimation basse. Il s’agit du deuxième plus haut montant (en dollars) pour une vente de bijoux dans le monde. Le premier test d’association entre les maisons Phillips de Pury & Company et Pierre Bergé & associés (PBA) s’est soldé par un échec avec 34 % de produit vendu. Faute d’estimations attractives, les plus gros lots (apportés par Phillips) n’ont pas trouvé preneur, à l’instar d’un collier en platine et diamants pour un poids total de 145 carats, estimé plus de 4 millions de francs suisses (2,5 millions d’euros). Même s’il n’est pas facile de faire face à un duopole de choc bien implanté en territoire helvétique, le duo Phillips/PBA nous a confié vouloir renouveler son opération couplée en novembre.
Les diamants bleus au top
Deux rares diamants bleus étaient en vedette des vacations de Christie’s et Sotheby’s. Celui de Christie’s, monté en bague et adjugé 9,2 millions de francs suisses (5,7 millions d’euros) à un particulier anonyme au téléphone contre une estimation basse de 6,6 millions de francs suisses (4 millions d’euros), était une pierre rectangulaire de 13,39 carats « fancy intense blue », c’est-à-dire correspondant au deuxième degré d’intensité de bleu. C’était surtout le plus gros diamant bleu de cette intensité de couleur jamais vendu aux enchères. Celui de Sotheby’s, également monté en bague, une gemme de 3,73 carats de couleur « fancy vivid blue » taillée en poire, s’est envolé à 5,2 millions de francs suisses (3,2 millions d’euros) contre une estimation haute de 3,5 millions de francs suisses (2,1 millions d’euros). Il a été emporté par le célèbre joaillier britannique Laurence Graff contre dix autres enchérisseurs. Pour sa couleur exceptionnelle, ce diamant a marqué l’histoire des enchères en se hissant au record du monde pour une pierre précieuse au carat, soit 1 328 444 dollars par carat (856 000 euros le carat).
L’Art déco, valeur sûre
Considérés comme des œuvres d’art, les bijoux Art déco, toujours plus rares, valent toujours plus cher. La preuve en est avec ce luxueux et raffiné sautoir des années 1920 signé Van Cleef & Arpels, estimé 150 000 à 250 000 francs suisses (92 000 à 154 000 euros). Une bataille d’enchères a fait monter son prix à un peu plus d’un million de francs suisses (615 000 euros). Pièce unique sertie de diamants de tailles variées, ce collier au design géométrique, terminé par un pendentif en forme de pompon rehaussé de diamants, est empreint d’un charme typique des Années folles. Selon David Bennett, directeur international du département haute joaillerie de Sotheby’s pour l’Europe et le Moyen-Orient, il incarne « la quintessence même de l’Art déco en diamants ». Comme la mode de l’époque l’exigeait, le collier est transformable. Il peut se séparer en bracelets, collier de chien et pendentif. Qu’il soit resté complet à ce jour (alors qu’il manque souvent un élément) est aussi appréciable.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les diamants sont éternels
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €PHILLIPS DE PURY/PBA, le 13 mai
- Estimation : 17,5 millions de francs suisses (10 millions d’euros)
- Résultats : 6 millions de francs suisses (3,7 millions d’euros)
- Lots vendus/invendus : 224/201
- Lots vendus : 53 %
CHRISTIE’S, le 14 mai
- Estimation : 58 millions de francs suisses (36 millions d’euros)
- Résultats : 59,2 millions de francs suisses (36,8 millions d’euros)
- Lots vendus/invendus : 265/100
- Lots vendus : 73 %
SOTHEBY’S, le 15 mai
- Estimation : 40 millions de francs suisses (28 millions d’euros)
- Résultats : 60 millions de francs suisses (37 millions d’euros)
- Lots vendus/invendus : 423/84
- Lots vendus : 83 %
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°283 du 6 juin 2008, avec le titre suivant : Les diamants sont éternels