Dans un contexte de compétition accrue et de réorganisation du marché, des études renforcent leur spécialisation pour se placer sur le créneau des collections destinées à un plus large public. Un moyen de s’affirmer face aux grands.
PARIS - Certaines études parisiennes, qui ne sont pas les plus importantes, réussissent parfois à se mettre sur le devant de la scène internationale en se montrant particulièrement compétitives dans des secteurs spécifiques. La stratégie est plutôt gagnante. Les marchés visés sont ceux des collections d’objets à faible valeur mais portant sur des volumes importants, comme les jouets, les marines, les textiles, ou encore les ventes de militaria.
Depuis quelques années, Me Didier Lafarge organise des vacations de soldats de plomb, proposés à partir de quelques centaines de francs jusqu’à 10 000 francs pour les pièces les plus rares. “Auparavant, ils étaient intégrés par lot dans des ventes de militaria”, souligne le commissaire-priseur qui a su “redonner ses lettres de noblesse à la figurine civile et militaire”. Ce marché est international et compte de nombreux amateurs. Enfin, les possibilités de collections sont multiples. En moyenne, six ventes se tiennent chaque année, et “cela peut aller jusqu’à dix puisqu’il y a une très forte demande”, remarque l’expert Christian Blondieau. Une petite vente de 300 lots fait environ 500 000 francs de produit, et 3 millions de francs semblent être un maximum dans cette catégorie. “Je crains moins la concurrence étrangère car, pour des raisons de rentabilité, les maisons de vente anglo-saxonnes font moins de ventes”, explique Me Lafarge, dont le nom, pour le collectionneur, est désormais associé à la figurine.
Le marché des marines
Dans un registre plus classique, en l’occurrence celui des livres, Me Paul Renaud s’est distingué par ses ventes autour du Surréalisme, “une denrée rare très prisée”. Sa clientèle, autant européenne qu’américaine, est à la recherche d’ouvrages mais aussi de photos, dessins ou gravures d’Artaud, de Breton, Ernst, Bataille, Man Ray, ou encore Duchamp, thème de la dernière vente du 22 juin 1999 où près de 200 lots ont totalisé 3,463 millions de francs. S’il est vrai que “sur le plan de la littérature, le marché français se tient bien”, Me Renaud soigne la qualité de ses services. Pour l’occasion, il édite un catalogue luxueux et réalise volontairement une ou deux vacations dans l’année, car “c’est au prix de cette maîtrise qu’un maintien des prix est assuré”. Sur le marché très actif des “marines”, qui comprend aussi bien des œuvres de peintres ou de graveurs que du mobilier de bateaux, des affiches ou des instruments de bord, plusieurs études sont en concurrence. En développant une thématique sur les paquebots, Me Patrick Deburaux s’est attaché une clientèle qui frémit aux noms des navires de légende, Normandie, France, ou même Titanic – deux bouts de charbon issus du célèbre bâtiment, arrachés pour quelques milliers de francs, ont suffi à créer l’événement, en novembre 1998, lors de la première vente intitulée “Mémoire des paquebots”. La seconde, qui a eu lieu le 28 mars, a enregistré le résultat exceptionnel de 4,7 millions de francs pour un peu plus de 700 lots, dont 90 % se sont effectivement vendus. L’enjeu était important, puisqu’il s’agissait de disperser les collections de la Compagnie maritime des Chargeurs Réunis. Après une étude de marché portant sur les résultats des études et auctioneers spécialisés, la Compagnie maritime a choisi l’étude Dumousset-Deburaux pour ses performances. “Je n’ai pas négocié les tarifs. Leur choix s’est appuyé sur la qualité de service”, précise Me Deburaux. Pour sa part, Me Olivier Coutau-Bégarie a la réputation de créer de nouvelles spécialités. Ainsi, il est à l’origine de la première vente cataloguée de bandes dessinées et a dirigé les premières enchères autour de Tintin, dont le succès a été international. Il est également pionnier dans le secteur des textiles anciens, des châles de cachemire, des papiers peints, des papiers de collections et des flacons à parfum, où il se positionne délibérément. Aujourd’hui, c’est sur l’Internet qu’il entend “développer tous ces petits marchés”, notamment grâce à son site, www.coutau-begarie.com. L’Internet, c’est aussi la stratégie de Sotheby’s dans ces secteurs. “Nos clients se déplacent peu pour voir les objets. Finalement, un bon descriptif technique suffit”, constate la maison de vente. Chez Christie’s, il n’est pas question de négliger ces marchés, malgré les faibles profits dégagés. Leurs experts de South Kensington viennent régulièrement à Paris à la rencontre des nombreux collectionneurs.
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Les David ont des atouts
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°104 du 28 avril 2000, avec le titre suivant : Les David ont des atouts