La princesse Laure de Beauvau Craon va quitter le 1er janvier 2004 son poste de président-directeur général de Sotheby’s France. À l’origine de la réforme des ventes publiques françaises – qui a permis à la maison de ventes internationale de s’implanter à Paris après quatre siècles de monopole –, elle souhaite à présent abandonner la gestion du personnel pour se consacrer davantage aux relations avec la clientèle.
PARIS - “J’ai toujours dit à mon entourage, depuis que j’ai pris mes fonctions à la tête de Sotheby’s France en 1991, que mon but était l’ouverture du marché français et un an de vente”, nous a expliqué la princesse Laure de Beauvau Craon, P.-D. G. de Sotheby’s France qui quittera son poste à la fin de l’année. “Time is up !” (Il est temps !), lance-t-elle. “C’est un moment émouvant, mais c’était la chose à faire”, ajoute-t-elle. Elle n’abandonne pas pour autant Sotheby’s puisqu’elle sera bientôt nommée présidente d’honneur de Sotheby’s France par William Ruprecht, le patron new-yorkais de la multinationale. Elle continuera à siéger au conseil et au comité exécutif de Sotheby’s France et conservera également son rôle au sein du groupe en tant que deputy chairman (vice-présidente) de Sotheby’s Europe, poste qu’elle occupe depuis six ans. “Je reste également impliquée au Conseil des ventes”, précise-t-elle. Déchargée de la lourde gestion administrative quotidienne d’une société de soixante personnes, elle entend ainsi “avoir plus de temps pour voir les collections”.
La princesse, femme charismatique à la personnalité attachante, a marqué l’histoire du marché de l’art français en menant une action de longue haleine pour sa libéralisation. Son combat commence en 1993 avec le dépôt d’une plainte auprès de la Commission européenne, démarche qui aboutit en mars 1995 à une mise en demeure du gouvernement français. Après de nombreux atermoiements dus aux changements de gouvernements qui ont retardé la mise en place de la réforme, Laure de Beauvau Craon jette à nouveau un pavé dans la mare en organisant en France, en juin 1999, la vente du contenu du château de Groussay (Yvelines) avec la collaboration des commissaires-priseurs parisiens Hervé Poulain et Rémy Le Fur. “Pour cette vente, on était sur la corde raide”, se souvient-elle. La nouvelle loi, dite “loi Sotheby’s”, sera finalement votée le 27 juin 2000, et la plainte déposée à Bruxelles, classée le 1er août 2001, juste après la publication des décrets d’application.
Le premier coup de marteau de Sotheby’s France, à Paris, à la galerie Charpentier, est donné le 29 novembre 2001. Après dix années de lutte, elle avoue : “Si la société n’avait pas été américaine, je n’aurais pas été aussi soutenue. À Londres, il y avait moins d’enthousiasme d’autant plus que l’assèchement du marché de l’art accentue les compétitions entre les lieux de vente. Mais, à chacun ses spécialisations.” Bien que la maison Sotheby’s puisse désormais vendre librement à Paris, comme elle l’a toujours souhaité, la société n’en a pas pour autant arrêté ses exportations massives vers Londres et New York d’objets d’art trouvés sur le territoire français. “Bien sûr, la grande récompense est de vendre chez soi un chef-d’œuvre découvert chez soi [l’autoportrait de Rembrandt pour ne citer qu’un exemple], mais nous sommes un réseau international...”, rappelle la présidente. Sa mission accomplie, Laure de Beauvau Craon s’est attachée à se trouver un successeur. Le nouveau P.-D. G. de Sotheby’s France, dont l’identité est pour l’instant tenue secrète, sera prochainement nommé.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les combats de la princesse
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°177 du 26 septembre 2003, avec le titre suivant : Les combats de la princesse