Dans le sillage de Herta Müller se glissent les souvenirs de ses pérégrinations. Des lignes sinueuses et flottantes qui figurent des paysages dans des huiles sur toile ou des papiers.
Paris - Pour évoquer Herta Müller, il faut tout d’abord la distinguer de son homonyme, car au moins deux Herta Müller font parler d’elle. La première est une romancière allemande d’origine roumaine, née en 1953 et lauréate du prix Nobel de littérature en 2009. La deuxième est née, elle, en 1955 à Bottrop en Allemagne, vit aujourd’hui entre Berlin et la Toscane, est artiste et fait actuellement sa première exposition à la galerie Berthet-Aittouarès.
Ce n’est cependant par sa première apparition à Paris puisque depuis 2004, elle a déjà exposé plusieurs fois à la galerie Vieille du Temple. Mais pour nous rafraîchir la mémoire Michèle et Odile Aittouarès ont décidé de présenter trente œuvres correspondant à une dizaine d’années de travail, de 2003 à 2013. Elles ont surtout pris le parti de montrer les deux aspects, visuellement assez distincts, de la démarche d’Herta Müller. Le premier se caractérise en effet par des huiles sur toile et des techniques mixtes sur papier qui, avec un espace assez saturé et des tonalités soutenues, évoquent clairement des paysages, qui ne sont pas sans faire penser dans leur traitement très frontal, sans perspective, à des tableaux de Per Kirkeby. Dans certaines pièces dominées par des ocres, on sentirait presque cette terre de Toscane qui sert souvent de modèle à l’artiste. Le second volet est lui nettement plus aéré, aérien même. Les toiles et les papiers sont en effet entièrement dominés par des blancs, des crèmes, des fonds clairs, quelquefois cireux, sur lesquels viennent s’inscrire et s’écrire des lignes qui suggèrent, elles aussi, mais de façon plus abstraite, des paysages. Elles évoquent aussi certains tableaux de Monique Frydman. Soit donc, Herta Müller entre Per Kirkeby et Monique Frydman : d’une part, il y a pire comme références et d’autre part, il y a de la place entre les deux. Celle que l’artiste allemande occupe avec une dominante commune à ses deux orientations : la ligne comme lien entre sa tendance plus picturale et sa tendance plus dessinée. La ligne comme fil conducteur de toute sa démarche et qui, dans chaque œuvre, vient faire un tour. Une ligne à laquelle elle donne plus ou moins de corps en fonction de la technique utilisée, le pinceau, le fusain, le crayon et en conséquence qu’elle rend plus affirmée ou plus hésitante, plus réfléchie ou plus spontanée, plus posée ou plus nerveuse, directe. « Une ligne rêve : on n’avait jusque-là jamais laissé rêver une ligne » écrivait Henri Michaux à propos de Paul Klee. Chez Herta Müller, il arrive quelquefois que des lignes rêvent, divaguent même, le reste du temps elles ont les pieds sur terre pour mieux se promener dans le paysage… et dans la peinture.
Les prix des œuvres, eux, vont de 2000 euros pour un petit papier (32 x 25 cm) à 16 000 euros pour une toile de 1,70 x 1,50 m datée de 2003. Raisonnables donc pour une artiste qui est en outre représentée en Allemagne par la galerie Georg Nothelfer (Berlin) depuis 1997.
Nombre d’œuvres : 30
Prix : entre 2 000 et 16 000 €
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les chemins tracés de Herta Müller
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 15 mars, Galerie Berthet-Aittouarès, 29 rue de Seine, 75006 Paris, tél.01 43 26 53 09, www.galerie-ba.com, mardi- samedi 11h-13h et 14h30-19h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°408 du 28 février 2014, avec le titre suivant : Les chemins tracés de Herta Müller