Trophée de chasse, une nature morte d’Alexandre François Desportes (1661-1743), volée en 1994 dans un château du sud de la France puis achetée par un amateur genevois, devra être rendue à son premier propriétaire, un ressortissant britannique. Telle est la décision du Tribunal fédéral helvétique rendue publique le 29 avril à Lausanne. L’amateur genevois aurait déboursé 400 000 francs suisses (1,6 million de francs) pour acquérir le tableau en novembre 1994. Celui-ci avait été saisi à la suite d’une démarche d’un juge d’instruction de Grasse qui avait sollicité l’entraide judiciaire de la Suisse et demandé la restitution de l’œuvre volée. Le tribunal fédéral, la plus haute instance d’appel, a rejeté le recours de l’acquéreur genevois qui invoquait sa totale bonne foi. Si pour le tribunal, il semble étranger à l’infraction commise en France, il n’a toutefois pas pris toutes les précautions élémentaires exigées lorsque l’on acquiert une œuvre d’une telle valeur. Il n’avait notamment pas fait expertiser ni estimer l’œuvre, se contentant de se rendre au Louvre pour y trouver une mention du tableau. Cette décision traduirait-elle une évolution des juridictions suisses, qui pourrait peut-être être mise en relation avec l’attitude plutôt favorable de la Confédération envers une éventuelle ratification de la convention Unidroit ?
Le tribunal de grande instance de Paris a débouté le 30 avril des propriétaires d’œuvres qu’ils estiment être de Camille Claudel, qui s’insurgeaient contre le fait qu’elles n’aient pas été retenues dans le catalogue édité en 1996 par Adam Biro. La 1ère chambre du tribunal, présidée par M. Alain Lacabarats, a estimé que la réalisation d’un catalogue relève de la libre communication des pensées et des opinions, et que l’auteur avait toute liberté pour présenter selon ses vues les œuvres données à l’artiste, à condition de ne pas commettre de fautes. Le tribunal indique que ce catalogue a été réalisé par des spécialistes de Claudel : Bruno Gaudichon, conservateur du Musée Claudel, Anne Rivière, historienne de l’art et auteur de nombreuses publications consacrées aux femmes sculpteurs, Danielle Ghanassia, président de la Chambre européenne des experts en objets d’art. Il ajoute qu’ils ont précisé la bibliographie existante, y compris celle contraire à leur thèse, et qu’ils ont ainsi permis au lecteur de se faire une opinion. Le tribunal avait été saisi par Mme Anne de Boissieu, Mme Rohault de Fleury et Mme Lucile Audouy, qui réclamaient un total de 6,5 millions de francs en faisant observer qu’en classant dans les "œuvres non retenues" celles qu’elles possèdent, telles La Vérité, La jeune femme au divan, L’écume, Le chat, et L’enfant aux colombes, les auteurs du catalogue les avaient dévalorisées.
Christie’s New York s’offre une nouvelle adresse d’exception en signant un bail de trente ans pour un espace de 90 000 m2 situé au 20 Rockfeller Plaza, qui comprend un rez-de-chaussée, une mezzanine et un étage. Très spectaculaire, ce nouveau lieu mettra à disposition deux salles de vente de plus de 5 m de hauteur sous plafond, dont la plus grande a une capacité d’accueil de 1 000 personnes, et un vaste foyer avec des verrières sur deux étages, outre les espaces d’exposition et de stockage. La maison de vente double la surface actuelle de ses bureaux et conserve trois de ses cinq locaux de New York, dont Christie’s East, situé 67th East St, pour les ventes moins importantes, et l’immeuble du 59th East St pour les expositions privées. Christie’s devrait s’installer dans ses nouveaux locaux à l’automne 1998, après les travaux de réfection réalisés par le cabinet d’architectes Gensler.
La 9e Foire internationale du livre ancien se tiendra du 29 mai au 1er juin à la Maison de la Mutualité, 24 rue Saint-Victor, 75005 Paris, le 29 mai de 17h à 22h, du 30 mai au 1er juin de 11h à 19h. Elle réunira 75 exposants, quinze de plus qu’en 1996, tous membres du Syndicat de la librairie ancienne et moderne, sous l’égide duquel est placée cette manifestation de qualité, qui avait accueilli 10 000 visiteurs l’an dernier. Une exposition intitulée "Les trésors de la bibliothèque du Musée de la Marine" présentera une quinzaine d’originaux – dessins, aquarelles et gouaches – sortis exceptionnellement des collections de ce musée.
Eric Clapton mettra en vente le 29 mai chez Christie’s à Londres trente-deux œuvres d’art de sa collection personnelle, dont une acrylique sur toile de Bridget Riley, Sheng-Tung (1974), estimée 30 à 40 000 livres. Cet ensemble éclectique comprend également un dessin de Matisse, une œuvre de Sandro Chia estimée 25 à 35 000 livres, et une huile de Matthew Smith estimée 20 à 30 000 livres. Le musicien de rock qui a pris la décision de se séparer de ces œuvres parce que son goût a évolué, conserve néanmoins deux toiles de Riley, un Twombly et un Poliakoff, et effectue actuellement de nouvelles acquisitions pour sa maison de Chelsea. Dans cette vente d’art contemporain figurent d’autres pièces issues de collections privées : un portrait de Basquiat par Andy Warhol intitulé Hallop (1983), estimé 90 à 120 000 livres, une sculpture mobile de George Rickey estimée 20 à 25 000 livres, et un portrait à l’aquarelle de Robert Mapplethorpe par Francesco Clemente, estimé 22 à 28 000 livres.
Marc Vellay expose ses sculptures récentes (1992-1996) à la Galerie Flak, 8 rue des Beaux-Arts 75006 Paris, du 22 mai au 15 juin. "Je pense en bronze, en bronze patiné noir la plupart du temps", dit l’artiste, qui manipule également la terre, soude le métal, travaille la feuille de plomb au marteau et à la pince. Le corps féminin est au centre de l’exposition, Femme lascive à la plage, Femme noire, femme blanche, Femme crayon, Femme brisée de Peter Island… Si Vellay a assimilé les grands classiques, comme Rodin, Laurens, Brancusi ou les cubistes, il a son propre regard sur les formes et sur leur agencement. Chaque sculpture est précédée d’une longue maturation, souvent affinée et formalisée dans un carnet de croquis gardé à portée de main pendant la réalisation.
Antiquorum à Hongkong présentera les 9 et 10 juin une extraordinaire collection de montres suisses réalisées pour le marché chinois, une tradition datant de la fin du XVIIIe siècle. Trois montres en forme d’urne, en or serti de perles, créées à Genève vers 1815, sont de rares exemples de commandes destinées à l’empereur de Chine, dont les armes estampillent l’écrin rouge en cuir de Russie de l’une d’entre elles. Chacune des ces "urnes" est estimée 80 à 120 000 francs suisses (350 à 460 000 francs). Parmi les autres objets d’exception destinés à la Chine, une boîte en argent à oiseau chanteur, agrémentée d’une montre à secondes et de musique, conçue par Jaquet Droz & Leschot à Londres en 1840. Toutes les autres merveilles "chinoises" seront dispersées trois semaines avant la fin de la souveraineté britannique à Hongkong.
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Les Brèves : Alexandre François Desportes, Camille Claudel, Eric Clapton...
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°38 du 16 mai 1997, avec le titre suivant : Les Brèves : AlexanÂdre François Desportes, Camille Claudel, Eric Clapton...