Vitesse de croisière pour cette saison de printemps. Quelques points forts, certes, mais peu de grandes collections, à part l’art primitif qui aura son heure de gloire avec la collection Goldet le 30 juin.
« La plus grande vente d’art africain depuis celle d’Helena Rubinstein en 1966 », affirme l’expert Alain de Montbrison. Hubert Goldet, disparu l’an dernier, avait réuni chez lui quelque 640 pièces. Son ensemble dogon est l’un des plus importants en mains privées. Seuls ceux du Musée Dapper ou du Met peuvent lui être comparés. Pièce phare, une statue reliquaire Ambété, la plus belle connue de cette peuplade du Gabon. Elle a appartenu à Ratton et à Rasmussen et l’estimation est à la hauteur :
6 à 8 millions. Lors de la vente Rassmussen du 14 décembre 1979, elle avait atteint 630 000 F, soit 1,6 million d’aujourd’hui. A côté, une vingtaine de sculptures franchiront sans doute la barre
du million. Cette vente (Maison de la Chimie, 30 juin-1er juillet, étude Ricqlès) hisse Paris au plus haut niveau. Côté peinture moderne, l’étude Gros-Delettrez présente les 18 et 19 juin un magnifique Delacroix, Cavalier arabe traversant un gué. Connue par une gravure de 1851, l’œuvre avait disparu lorsqu’on la retrouve dans les années 80 chez un descendant d’Adolphe Moreau, agent de change et ami du peintre. Peu après, le tableau passe dans une autre collection. Il n’a donc changé de mains qu’une fois en un siècle et demi. Une œuvre « vierge » dont on attend autour de 15 millions. Comment calculer le prix d’un tel chef-d’œuvre ? « Je me suis basé sur les 51 550 000 F donnés pour Choc de cavaliers arabes le 19 juin 1998 chez Piasa », répond l’expert Frédéric Chanoit. Ce record mondial peut-il être battu ? « Non, assure-t-il, notre tableau étant plus petit. Il est très proche de ceux de la collection Alain Delon et du Musée Chrysler en Virginie ». Dans la peinture ancienne surgit à nouveau une œuvre de Cranach, Vénus et l’Amour voleur de miel de 1532 (étude Rouillac, 10 juin, château
de Cheverny). Un tableau du maître sur le même thème, estimé deux millions, s’est envolé à 18,9 millions le 4 décembre dernier (étude Rieunier-Bailly-Pommery). Du coup, on a visé plus haut : 6 à 8 millions. Comme le premier, ce panneau a été peint à Wittenberg où Cranach s’était installé en 1505. Il en existe plusieurs versions, dont une au Louvre. Celle-ci est l’une des plus anciennes. Au moment où l’exposition Signac connaît un grand succès au Grand Palais, sort une Vue du port de Marseille de toute beauté chez Me Briest à l’Hôtel Dassault le 22 juin. Elle provient de la collection Henri Cachin, gendre de Ginette Signac, fille du peintre. Elle n’avait jamais quitté la famille. Prix attendu : 3 à 4 millions. Provenant d’une autre collection, une marine de Monet, Mer agitée à Pourville, achetée à l’artiste par Durand-Ruel en 1883 est estimée 4,5 à 6,5 millions et un fusain de Degas, Deux Danseuses, issu de la vente de l’atelier en avril 1919, est évalué à 1,5 million. Le grand
XVIIIe était en tête du palmarès de l’an 2000 (25,5 millions chez Tajan pour une paire de cabinets
de Levasseur et 22,2 millions chez Piasa pour une commode de Leleu). Il est de retour cette saison : le 27 juin, une somptueuse commode d’époque Louis XV de Joubert, livrée en 1764 pour la chambre
du Comte d’Artois à Fontainebleau, passe chez Piasa. Un meuble royal donc, pour lequel on attend
un coup de marteau magistral.
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Les bons coups de marteau de Drouot
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°527 du 1 juin 2001, avec le titre suivant : Les bons coups de marteau de Drouot