Organisée du 3 au 7 juin, Bruneaf se démarque avec une exposition de masques du Congo.
BRUXELLES - Le segment des arts primitifs serait-il épargné par la crise, si on se réfère aux résultats de la collection Rosenthal chez Sotheby’s à New York en novembre 2008 ? « Il ne faut pas se leurrer, c’est difficile, il y a un ralentissement certain et un attentisme des clients, confie le marchand parisien Renaud Vanuxem. Mais, contrairement à d’autres domaines, il n’y a pas de crise d’identité ou de confiance. C’est un marché linéaire et hautement structuré. » Pour son confrère bruxellois Patrick Mestdagh, « l’ensemble de la vente Rosenthal n’atteint pas le prix d’un requin dans le formol de Damien Hirst. Où se situe le raisonnable ? ». Le marchand Joachim Pecci (Bruxelles) pressent pour sa part des signaux, sinon de reprise, du moins de désir. « Les gens ont été en veille pendant plusieurs mois et ils veulent reprendre », observe-t-il. Il en résulte un marché « spécial », selon Didier Claes (Bruxelles), ni vraiment mauvais ni excellent. C’est dans ce climat entre chien et loup que s’ouvrira la Brussels non European Art Fair (Bruneaf).
Exception faite du New-Yorkais Michael Rhodes, les exposants américains traditionnels n’ont pas déserté l’événement. La foire compte aussi son lot de revenants comme Arte y Ritual (Madrid) et Bernard Dulon (Paris), ou d’impétrants à l’instar de Riccardo Colombo (Bruxelles) et Charles-Wesley Hourdé (Paris). « Bruneaf ne coûte rien, on peut y faire des affaires, et même si on ne travaille pas, c’est positif car les organisateurs sont adorables », déclare Bernard Dulon. Celui-ci prévoit notamment un couple d’Antilopes Bambara du Mali et des statuettes Sénoufo. Yann Ferrandin (Paris) profite, lui, de la plateforme bruxelloise pour promouvoir sa prochaine exposition parisienne « Kongo Arts magiques ». Joachim Pecci présente pour sa part un ensemble de fétiches Teke. Marc Félix (Bruxelles) déploie l’art matrilinéaire du lac Tanganyika pendant que Maine Durieu (Paris) propose une sélection d’armes africaines.
Des ventes entre marchands
Les amateurs n’auront-ils pas cependant tendance à garder leurs deniers pour la collection Philippe Guimiot dispersée chez Sotheby’s à Paris le 17 juin ? « Les objets phares de la vente Guimiot sont réservés à quelques happy few. Or il n’y a pas que quatre ou cinq personnes intéressées par les arts primitifs dans le monde », relève Patrick Mestdagh. La récente montée en puissance du Parcours des mondes à Paris ne risque- t-elle pas d’ébranler Bruneaf dans ses assises ? « Non, c’est motivant, déclare Patrick Mestdagh. Chaque événement a ses avantages et ses inconvénients. On ne peut pas concurrencer des Entwistle ou Monbrison, mais si des gens comme Arte y Ritual viennent, c’est que nous avons des collectionneurs de haut niveau. » La barre des transactions se place néanmoins plus haut à Paris qu’à Bruxelles. De fait, les ventes se font majoritairement entre marchands. Pour éviter que le salon ne se mue en marronnier, ses organisateurs ont organisé des expositions non commerciales de haute volée comme « Mestdach l’Africain » en 2007. Cette année, les marchands Didier Claes et Marc Félix ont concocté une présentation de trente-trois masques du Congo, issus de dix-sept collections privées belges. « Des fables positives ou négatives circulent sur beaucoup de ces masques, précise Marc Félix. Certains en parlent sans jamais les avoir vus. » L’occasion d’admirer de visu un masque noir Bakongo d’une puissance telle qu’elle donne la chair de poule.
BRUNEAF, 3-7 juin, quartier du Grand-Sablon, Bruxelles, www.bruneaf.com, le 3 juin 15h-21h, les 4 et 6 juin 11h-19h, le 5 juin 11h-20h, le 7 juin 11h-17h.
BRUNEAF
Président : Patrick Mestdagh
Nombre d’exposants : 50
Cotisation : 2 500 euros
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Les arts premiers au rendez-vous
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°304 du 29 mai 2009, avec le titre suivant : Les arts premiers au rendez-vous