La maison de ventes parisienne et l’expert Annie Kevorkian attirent l’Amérique à Drouot pour une nouvelle vacation d’archéologie.
PARIS - L’association qui unit la maison de ventes Boisgirard à l’expert Annie Kevorkian dure depuis trente ans et n’en a pas fini de faire les beaux jours de Drouot dans la spécialité des arts d’Orient. Au rythme de trois vacations annuelles, dont la qualité se renouvelle chaque fois, les enchères historiques pour des vestiges de civilisations antiques se succèdent au point de dépasser en renommée celles des auctioneers en place à Londres ou à New York. La dernière distinction portait sur une tête de cheval grecque en marbre du VIe siècle av. J.-C., qui fut préemptée le 7 octobre 2004 par le Musée du Louvre pour 2,8 millions d’euros, chiffre record qui a fait la fierté de l’hôtel des ventes parisien (lire le JdA n° 201 du 22 octobre 2004). Le prochain rendez-vous fixé les 13 et 14 février est tout aussi engageant, à en juger par le catalogue qui arbore pour la deuxième fois consécutive une couverture blanche, un choix judicieux d’Annie Kevorkian pour « ne pas typer une vente aussi bien fournie en objets d’art islamique qu’en pièces d’archéologie égyptienne ».
En première partie de vente sont proposées des pièces de l’art de l’Islam, un marché très pointu au sommet duquel se bat une poignée d’institutions et de collectionneurs internationaux. Mais les connaisseurs s’acharneront ici sur les fleurons de l’art seldjoukide (région d’Iran) du XIIe-XIIIe siècle : une statuette de chat en bronze gravé (n° 62), un travail rare, estimé 70 000 euros, dont il reste des traces d’incrustations d’argent et de cuivre ; un plumier (n° 64), attendu pour 60 000 euros ; et un grand polycandelon en bronze (n° 80), « un porte lampes d’origine byzantine dont la tradition fut poursuivie en Espagne, Afrique du Nord, Égypte et Syrie mais d’une extrême rareté en Iran (on en connaît seulement trois) », qui aura plus volontiers sa place dans un musée, pour environ 15 000 euros.
Pièces égyptiennes
La seconde session de la vente met à l’honneur l’archéologie, dont le public est plus large mais pas moins sélectif. L’essentiel des lots phares provient d’une collection anonyme new-yorkaise enlevée – « sans complexes », précise l’expert – à la barbe de Christie’s et Sotheby’s. Cet ensemble comprend une belle statuette à usage cérémoniel (n° 213) de 40,5 cm en forme de cervidé debout sur un personnage féminin, issue de Transcaucasie (région du lac de Van) – elle date du début du 1er millénaire av. J.-C. et est estimée 100 000 à 120 000 euros –, une statue de mouflon en marbre blanc (n° 259), témoignage de la vallée de l’Indus (période harappéenne, vers 2000 av. J.-C.), dans la même fourchette de prix, et un masque de personnage sumérien (n° 254) du milieu du 3e millénaire av. J.-C., estimé 70 000 euros.
Cette session recense également plusieurs pièces égyptiennes remarquables, à l’instar d’une sculpture en calcaire représentant un couple de nobles assis côte à côte (n° 301), datant de la XVIIIe dynastie, c’est-à-dire du temps de Toutankhamon (v. 1354-1346 av. J.-C.), et provenant de l’ancienne collection Kofler-Truniger. Cette statue, dont une inscription indique qu’il s’agit de Baket-Mout et de « son épouse bien-aimée, la chanteuse du culte du dieu Amon », a été évaluée à 400 000 euros, comme la statue d’Osiris-Apis (n° 317), dieu rarement représenté sous sa forme zoocéphale à corps humain et tête de bœuf, en stuc recouvert de feuille d’or (fruit d’une minutieuse restauration dont est joint le rapport). Une tête d’Amset du Moyen Empire (n° 307), couvercle de vase canope ayant conservé une grande partie de sa polychromie, estimée 40 000 euros, est « sans doute le pendant d’un autre couvercle exposé aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles », commente Annie Kevorkian. Ont également traversé l’Atlantique une statue fragmentaire d’un homme à genoux de la XXVIe dynastie (n° 313), « avec une superbe inscription de dos », estimée 50 000 euros, et une statuette de babouin de 9,5 cm en faïence bleue du Moyen Empire représentant le dieu Thot (n° 315), estimée 30 000 euros. D’autres précieux témoignages, hors collection cette fois, à l’image de tissus coptes, de mosaïques byzantines, syriennes et romaines ou de vaisselles princières islamiques, complètent la sélection.
Vente les 13 et 14 février à 14h30, exposition le 12 février, 11h-18h, et le 14 février, 11h-12h, SVV Boisgirard & Associés, 1, rue de la Grange-Batelière, 75009 Paris, tél. 01 47 70 81 36, www.boisgirard.com Expert Annie Kevorkian, tél. 01 42 60 72 91.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les arts d’Orient triomphent à Paris
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°208 du 4 février 2005, avec le titre suivant : Les arts d’Orient triomphent à Paris