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Les antiquaires aux Tuileries

L'ŒIL

Le 1 mars 2001 - 429 mots

Pour la première fois, le Pavillon des Antiquaires se déroulera dans le lieu historique des Tuileries. Le feu vert donné in extremis début décembre par la Direction des Sites et Monuments n’a pas facilité la tâche des organisateurs. Pour la quatrième édition de ce salon atypique, quelques grands noms se retrouvent à côté de jeunes marchands venus des Puces. Résultat ? Un mélange des genres et une mise en scène insolite qui permet à la fois d’admirer des œuvres classiques d’un excellent niveau, mais aussi de découvrir une marchandise étonnante et quelquefois dérangeante. Cette année, le design scandinave, les objets et meubles de montagne font leur apparition. Les années 40 et 50 continuent leur percée et le XIXe siècle monte en puissance. En prime, on retrouve les extravagants bijoux de stars d’Olwen Forest et les découvertes  provocantes d’Epoca. L’échelle des prix est large, allant de quelques milliers de francs à plusieurs centaines de mille. Une manifestation de bric et de broc disent les uns, pleine de fraîcheur et de charme assurent les autres. Selon Patrick Perrin, l’un de ses fondateurs, elle est un bel exemple du goût français. Cette année, trois poids lourds de la profession ont déserté la place. Les galeries Louis Carré, Alain de Monbrison et L’Arc en Seine. Ces deux dernières ont préféré être présentes au Salon de Mars à Genève qui se déroule dans la foulée. On note en revanche une arrivée importante, celle de l’antiquaire Camille Burgi. Au fil des stands, on découvre un one man show Botero (Hopkins-Thomas-Custot), une paire de tables de Boudin (Perrin), de l’archéologie japonaise et coréenne (Jacques Barrère), une commode de Birckle (Jean-François Anne), un tableau de Brueghel le Jeune (de Jonkheere), une chaise démontable de Jean Prouvé (Patrick Seguin), une chaise longue de Kjaerholm, édition originale de 1965 (Galerie scandinave). Les salons d’antiquaires se succèdent à un rythme soutenu. Découvrir 50 ou 100 marchands en quelques heures est plus facile que pousser la porte d’autant de galeries. La formule a fait ses preuves et le public adore mais le trop plein guette : Maastricht, Paris, Genève... En un mois, les marchands sont très sollicités, mais ils n’ont pas le don d’ubiquité et cela coûte cher. Pour l’instant, la fréquentation et le chiffre d’affaires sont en hausse, donc tout va bien. Jusqu’à quand ? Le couple art-argent, on le sait, n’est pas stable, les soubresauts de la Bourse ces derniers mois sont là pour le prouver. Que la conjoncture se retourne et certaines manifestations pourraient bien piquer du nez, voire baisser pavillon.

PARIS, jardin des Tuileries, 24 mars-1er avril.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°524 du 1 mars 2001, avec le titre suivant : Les antiquaires aux Tuileries

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