En dépit des perturbations de l’économie mondiale, l’International Fine Art and Antique Dealers Show qui s’est tenu du 16 au 22 octobre au Seventh Regiment Armory, sur Park Avenue, a enregistré d’excellents résultats. Parmi les soixante-dix-huit marchands présents, beaucoup constataient le retour d’une forte dynamique d’achat.
NEW YORK (de notre correspondante) - Les organisateurs de l’événement new-yorkais, Brian et Anna Haughton, avaient de bonnes raisons d’être satisfaits : avec environ 23 000 visiteurs, de très belles ventes, et des acheteurs venant de tous les États-Unis, d’Amérique du Sud et d’Europe, le succès était au rendez-vous de ce dixième anniversaire. Le mobilier français des années vingt et trente avait la vedette, ainsi que les arts décoratifs européens 1880-1930. Le Belge Philippe Denys a vendu 45 pièces (dont 22 le soir de l’ouverture) et devait conclure après la foire des négociations portant sur des meubles importants. Le spectaculaire stand Art déco de la galerie Valois, qui proposait du mobilier allant de 25 000 à 400 000 dollars (140 000 à 2,3 millions de francs) – notamment une paire de tables et une série de dix chaises créées par Ruhlmann vers 1933 – a réalisé de bonnes ventes. Même succès pour Antoine Chenevière, qui a vendu ses deux pièces majeures – deux remarquables commodes russes – dès le début de la foire. Ariane Dandois annonce avoir cédé plus de 80 % de son stand à des acheteurs de New York, Chicago, Palm Beach, Cleveland et Los Angeles, dont une paire de bureaux Empire en acajou (vers 1810), attribués à Jacob Desmalter, pour environ 340 000 dollars. Chez Jacques et Patrick Perrin, pas moins de 35 ventes avaient été conclues. Pour sa première participation, la galerie parisienne Maroun Salloum a cédé de nombreux meubles et objets d’art fin XIXe-début XXe siècle, partis entre 8 000 et 100 000 dollars.
En peinture, les galeristes parisiens Philippe Cazeau et Jacques de la Béraudière proposaient un Degas de 1897, Femme à la toilette, à 1,5 million de dollars, ainsi qu’un Bonnard de 1892 figurant une femme dans des tons carmin au prix de 2,2 millions de dollars. “Les gens ont beau penser que la fin du monde est pour demain, ils continuent à acheter des chefs-d’œuvre”, a déclaré Jacques de la Béraudière. La galerie Hopkins Thomas-Custot a cédé une toile de Bonnard de la période nabie aux alentours d’un million de dollars, tandis que le marchand belge Axel Vervoordt vendait dès les premiers jours une série de soixante-quatorze peintures animalières de l’école de Colmar (vers 1820) pour 200 000 dollars, ainsi qu’un important tableau d’Eugène Fromentin (vers 1847) à 440 000 dollars. La Chinese Porcelain Company, de New York, proposait de son côté 100 aquarelles chinoises figurant des oiseaux à 3 800 dollars. Quarante étaient vendues dès le lendemain de l’ouverture du salon, un collectionneur raflant pas moins de seize aquarelles en un seul achat.
Du côté des arts primitifs, les Bruxellois Lin et Émile Deletaille ont trouvé des collectionneurs pour un couple de grandes statues Tau Tau d’Indonésie, ainsi que pour une vingtaine d’objet d’art africains et océaniens dans une gamme de prix de 1 500 à 100 000 dollars. Anthony Meyer, de la galerie parisienne Meyer-Art d’Océanie, a vendu l’une des curiosités ethnographiques de la foire, une fourchette cannibale en bois de fer qu’utilisait les chefs ou les prêtes des tribus, à 6 500 dollars. Pour lui, “Les Américains dépensent leur argent dans tout ce qui est à leur goût, alors que les Européens disent “je vais réfléchir”.
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Les Américains dépensent, les Européens réfléchissent...
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°71 du 20 novembre 1998, avec le titre suivant : Les Américains dépensent, les Européens réfléchissent...