Du 16 au 19 mai, les ventes du printemps new-yorkais ont confirmé l’excellente santé du marché de l’art contemporain, tant celui des pièces uniques que celui des multiples. Avec un total de quelque 60 millions de dollars et dix-sept records, Sotheby’s devance de loin Christie’s (20 millions) et Phillips (12 millions).
New york (de notre correspondant) - Avec six vacations en quatre jours, la semaine des ventes d’art contemporain à Manhattan, déjà éprouvante en temps normal, a été, cette année, encore plus chargée du fait de la première participation de Phillips. Les prix des œuvres les plus contemporaines ont atteint des sommets proches de l’euphorie des années quatre-vingt. En effet, chez Christie’s Autumn Lovers de John Currin, peint en 1994, est parti à 149 000 dollars (plus d’un million de francs), contre une estimation de 50-70 000 dollars, un nouveau record pour l’artiste. L’auctioneer a ouvert les festivités en enregistrant quinze records de vente, et rien ne semblait pouvoir ébranler son succès. Le deuxième soir pourtant, Sotheby’s a pris la relève, atteignant 46 millions de dollars (336,5 millions de francs) pour sa première partie et battant dix-sept records, alors que Christie’s avait totalisé 14,5 millions de dollars (105,8 millions de francs). Le 18 mai, la vente en soirée de Phillips fermait la marche et, malgré des enchères timides, réalisait des résultats plus qu’honorables avec un total de plus de 11 millions de dollars. Les multiples, en particulier les photographies, ont atteint la gamme de prix des pièces uniques, notamment le 16 mai chez Christie’s. Un cibachrome de Thomas Struth, Panthéon, Rome de 1990 édité en dix exemplaires, a été adjugé 270 000 dollars (estimation 70-90 000 dollars), alors que le Monogram de Louise Lawler a atteint 56 400 dollars (estimation 15-20 000 dollars). La sculpture Boy de Charles Ray, éditée en trois exemplaires, a été adjugée à Larry Gagosian au prix record de 886 000 dollars (près de 6,5 millions de francs). En effet, il semble que la notion de multiple n’effraie pas les jeunes collectionneurs nouvellement enrichis grâce à Wall Street. Contrairement aux affirmations des maisons de ventes, il n’était pas évident de les repérer au milieu des marchands internationaux. Les enfants de l’Internet semblaient acheter plutôt par téléphone ou s’intéresser à la vente de souvenirs du groupe Nirvana qui avait lieu au même moment sur eBay. Les grands collectionneurs étaient au rendez-vous, comme François Pinault qui, maître en sa demeure, a emporté une œuvre d’Hiroshi Sugimoto à 8 500 dollars, tandis que chez Sotheby’s Claude Berri faisait l’acquisition d’un magnifique Ryman pour 330 000 dollars (2,4 millions de francs).
De bons résultats en deuxième partie
Le marché de la photographie de grand format a montré que la distinction entre première partie (en soirée) et deuxième partie était de plus en plus floue. Sotheby’s et Phillips proposaient dans la journée des œuvres de Vanessa Beecroft, VB 34. L’auctioneer américain a vendu l’ensemble de la série 92 750 dollars (677 000 francs) contre une estimation de 25-30 000 dollars, alors que le français a adjugé une épreuve à 16 100 dollars (116 000 francs), le double de son estimation basse. Les résultats de la deuxième partie chez Sotheby’s sont conséquents : une œuvre sur papier d’Arshile Gorky de 1945, dédicacée à André Breton et estimée 40-60 000 dollars, est partie à 445 750 dollars (3,2 millions de francs), soit à un prix nettement plus élevé que la plupart des lots de la première partie. Une esquisse à l’encre de David Hockney a été adjugée 225 750 dollars (1,6 million de francs) contre une estimation de 20-30 000 dollars, un lot de mobilier de chambre d’enfant signé Keith Haring s’est envolé à 104 250 dollars (761 000 francs), soit plus de dix fois son estimation basse. Du côté des valeur sûres, quelques records impressionnants avec, chez Sotheby’s, une toile de Rothko de 1956 à 14,3 millions de dollars, et, chez Christie’s, une huile de Sigmar Polke, Zwei Frauen, adjugée 1,7 million de dollars. Phillips n’est pas en reste, Out of Sight, out of Mind, une installation avec deux têtes de vache de Damien Hirst, a atteint 592 500 dollars (4,2 millions de francs). Ceux que ces résultats effraient auraient dû se rendre à Long Island City, où l’on pouvait encore faire de bonnes affaires. Ainsi un exemplaire du New York Times de 1950 avec un dessin abstrait à l’encre attribué à Franz Kline a-t-il trouvé acquéreur pour la modique somme de 100 dollars, alors qu’une pièce similaire de 1952 a atteint 18 000 dollars chez Sotheby’s.
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L’envolée des multiples
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°107 du 9 juin 2000, avec le titre suivant : L’envolée des multiples