Lieu de villégiature des riches Américains qui choisissent de passer l’hiver au soleil de la Floride, Palm Beach accueillera, du 29 janvier au 7 février, la troisième édition de l’International Art and Antique Fair. La foire attire cette année 80 marchands comptant parmi les plus renommés.
PALM BEACH - Après des débuts quelque peu brouillons en 1997 (accueil peu soigné, publicité mal ciblée), la foire de Palm Beach semble avoir trouvé ses marques. En début d’année 1998, environ 30 000 personnes avaient effectué le déplacement en Floride pour découvrir et acheter tableaux, mobilier, textiles, livres, manuscrits, bijoux et céramiques exposés par quelques-uns des plus grands marchands internationaux, américains et européens. Plus de 80 % des 65 antiquaires présents affirmaient alors avoir réalisé des profits importants.
Ce succès a attiré cette année un nombre d’exposants plus élevé : quatre-vingts marchands, venus d’Argentine, du Canada, d’Angleterre (25 antiquaires londoniens), de France (12 antiquaires parisiens), d’Allemagne, de Suisse et de tous les États-Unis – Los Angeles, New York, Philadelphie, San Francisco – tenteront de séduire des clients essentiellement américains, venant de Chicago, Memphis, New York ou Atlanta. “Il ne s’agit pas d’un nouveau marché, confiait l’an dernier au New York Times David Lester, l’organisateur du salon. Les marchands retrouvent à Palm Beach les mêmes clients qu’ils côtoient dans les foires de New York, Londres, Paris ou Milan. Mais en février, ils sont tous là. C’est pourquoi il est important que les marchands soient présents”. Jacques de la Béraudière regrette cependant que le nombre d’exposant ait tant augmenté. “Des foires plus confidentielles riment souvent avec une qualité plus élevée. Autre facteur négatif : les clients ne seront peut-être pas cette année dans de bonnes dispositions d’achat car le dollar a commencé à baisser, remarque-t-il. Il y a plus de 10 % de différence par rapport à l’an passé”.
Palm Beach mise avant tout sur les tableaux et les bijoux, le mobilier étant ici un peu négligé. “Il est dommage qu’il n’y ait pas davantage de marchands spécialisés dans le mobilier, déclare Ariane Dandois. Pour qu’un salon fonctionne bien, il est important que les antiquaires se retrouvent en concurrence. C’est néanmoins une foire de grande qualité et qui a trouvé sa clientèle”.
Une belle sélection de peintures
Pour répondre aux goûts plus sobres des collectionneurs américains qui préfèrent l’acajou au bois doré, et à leur habitude de faire coexister dans leurs intérieurs mobilier classique et art contemporain, Ariane Dandois a sélectionné des meubles russes, italiens ou anglais pouvant s’inscrire dans des pièces de grandes dimensions. Elle présentera également une surprenante pendule en ivoire et bronze doré attribuée à Caldwell & Co (New York, début du XXe siècle), au cadran circulaire divisé en plaques d’ivoire gravées d’arabesques. Le dos en émail à l’imitation de l’ivoire est orné d’un décor concentrique de rinceaux et de masques de satyres. La galerie Vallois exposera un meuble d’appui en placage de bois de rose réalisé par Eugène Printz en 1930, dont les portes soulignées de métal doré sont décorées d’un placage travaillé en damier (200 000 dollars, 1,1 million de francs), ainsi qu’un paravent à trois feuilles en laque noire et feuille d’or à décor géométrique travaillé en relief, présenté au Salon d’automne de 1931. Philippe Denys, pour sa première participation à la foire, proposera un cabinet à sept tiroirs laqué en écaille de tortue, créé par Jean Dunand. Et la Ciancimino Gallery, de Londres, mettra à l’honneur un paravent en ébène de Macassar de Jean-Michel Frank (240 000 dollars, 1,3 million de francs).
Du côté des peintures, Philippe Cazeau et Jacques de la Béraudière accrocheront une nature morte de Cézanne, Deux pommes sur une table (3 millions de dollars, 16,6 millions de francs), des œuvres de Léger, Picasso, Redon et Rouault ; la galerie Brame et Lorenceau, une huile sur toile de Roger de la Fresnaye, Diabolo (400 000 dollars, 2,2 millions de francs) ; Hervé Odermatt, un ensemble d’œuvres d’André Masson, des toiles de Magritte, Chirico, Miró ; et la galerie new-yorkaise Artémis un pastel d’Odilon Redon, Saint Georges et le Dragon (550 000 dollars, 3 millions de francs).
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L’envol de Palm Beach
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°75 du 22 janvier 1999, avec le titre suivant : L’envol de Palm Beach