PARIS
La Galerie Makassar France expose près d’une quarantaine de céramiques originales nées d’une collaboration entre Fernand Léger et Roland Brice.
PARIS - Fondée en 1984 par Sophie Caparis et Monique Magnan (décédée en 2013), et installée depuis 1998 avenue Matignon (Paris-8e), Makassar France est spécialisée dans l’Art déco, de 1920 à 1940.
Si la galerie a toujours eu une affinité avec l’œuvre de Fernand Léger (1881-1955), en exposant en particulier ses tapisseries, c’est à la suite de la rencontre avec la famille de Roland Brice que cette exposition a pu voir le jour.
En exil aux États-Unis lors de la Seconde Guerre mondiale, Léger s’essaye à la sculpture, enthousiasmé par l’idée de sortir du cadre du tableau et d’ouvrir sa peinture à des dimensions nouvelles, tels le relief et la monumentalité. « Léger voulait monumentaliser son art à travers d’autres médiums que la peinture. Il voulait du volume », explique Thierry Chaudière, directeur de la galerie. À son retour en France, le peintre se lance dans la céramique, suivant l’exemple de Picasso, Chagall ou Braque avant lui. Dès l’été 1949, il soumet son projet à Roland Brice, son ancien élève devenu céramiste installé à Biot (Alpes-Maritimes), lequel l’encourage dans cette voie. Dès lors et jusqu’à la mort du peintre en 1955, une collaboration fructueuse va s’installer entre les deux hommes donnant lieu à des céramiques hautes en couleur : Léger s’attache à la création artistique tandis que Brice délivre les connaissances techniques liées à la matière, apportant à la vision plastique sa concrétisation matérielle.
Création spéciale
L’exposition dévoile 37 pièces originales, provenant toutes de la collection de Claude Brice, fils de Roland, et sont proposées à des prix s’échelonnant entre 20 000 et 400 000 euros, selon le format. Le prix le plus élevé revient à l’ensemble Oiseaux dans le paysage, composé de 8 modules. Les Deux Sœurs sur fond rouge, Femme à l’arbre ou encore Femme au perroquet ne manquent pas d’intérêt.
« À l’inverse des autres artistes intéressés par la céramique, ici, l’objet usuel n’est pas détourné, mais c’est la retranscription d’un tableau de chevalet en volume », commente Thierry Chaudière. Cependant, ce n’est pas l’œuvre peinte de Léger qui est transposée en céramique, mais une création spécialement réalisée à cet effet par l’artiste, mise en forme par Brice.
Les céramiques exposées, soit de petits reliefs, forment un travail d’étude : l’intention du peintre était de réaliser de grandes fresques et des projets monumentaux pour les insérer dans l’espace urbain – il n’en aura pas eu le temps. Il voulait amener de la couleur au bitume. « Souvent, après la cuisson, il n’hésitait pas à repasser sur les couleurs. Il était très attaché à la véracité de la couleur ». Il abordait la céramique avec l’œil du peintre, jouant sur les reliefs et son cerne noir typique.
Le marché de la céramique de Fernand Léger, dominé par les collectionneurs européens et américains, est porteur. C’est un art qui « plaît », offrant une alternative aux toiles qui s’arrachent à prix d’or.
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Léger - Brice, deux talents en fusion
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 7 novembre, Galerie Makassar France, 19, av. Matignon, 75008 Paris, tél. 01 53 96 95 85, www.makassar-France.com, du lundi au vendredi 10h-19h, samedi 11h-18h30.
Légende Photo :
Fernand Léger et Roland Brice, Composition aux deux tournesols orange et marrron, 1953, céramique émaillée. © Photo : Studio Sebert
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°443 du 16 octobre 2015, avec le titre suivant : Léger - Brice, deux talents en fusion