Dispersion de plus de 1 000 monnaies dont 157 pièces en or découvertes dans une vieille bâtisse du Bordelais.
ANGOULÊME - Quelle ne fut pas la surprise d’un maçon polonais qui, ayant racheté une vieille maison quasiment en ruine à Bazas, bourg situé à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Bordeaux, découvrit au début de l’année 2004 un trésor monétaire vieux de plus de cinq siècles dans un mur du premier étage. D’un coup de pioche, une cavité fermée par plusieurs pierres est apparue : à l’intérieur, un pot en terre vernissée contenant des pièces d’or, un pot en terre cuite renfermant des monnaies d’argent et, autour, éparpillées en vrac, des petites pièces de billon (alliage d’argent et cuivre) appelées « pièces noires ». L’heureux possesseur des lieux et découvreur du magot se voit dès lors propriétaire à cent pour cent d’un véritable trésor. Son inventaire par le département des Monnaies, Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale de France a précédé sa mise en vente aux enchères le 29 octobre à Angoulême. 1 010 monnaies sont recensées : 157 monnaies d’or dont la moitié datent du royaume de France, de Jean Le Bon (1350-1364) à l’avènement de Charles VIII en 1483. Les monnaies d’argent de provenances très variées constituent le quart de l’ensemble, et celles de billon (essentiellement des hardis d’Aquitaine) n’ont pas non plus été frappées après 1483, date de la plus récente monnaie et certainement de la disparition du propriétaire du trésor de Bazas. Les historiens ne révèlent aucun événement tragique susceptible d’avoir provoqué un enfouissement précipité à cette époque. Notre homme est sans doute mort précipitamment avant d’avoir pu informer qui que ce soit de l’existence de son coffre-fort. Le mystère reste entier sur son identité. « Il s’agissait vraisemblablement d’un notable faisant le commerce d’une denrée appréciée en Europe », note l’expert Françoise Berthelot-Vinchon. L’origine européenne des monnaies nous fait voyager en Aquitaine, dans le Béarn, en Bretagne et Grande-Bretagne, en Provence et dans le Dauphiné, aux Pays-Bas, en Italie, Espagne et au Portugal. Les monnaies sont à vendre dans leur jus, non nettoyées. « Certaines, légèrement cabossées, peuvent être redressées aisément », précise l’expert. Celles qui sont en or ainsi que les plus rares et belles en argent sont cédées individuellement tel un « enrique » d’or du royaume de Castille et Léon frappé à Ségovie, estimé 7 000 euros, et un « castellano » du même roi, Enrique IV (1454-1474), de l’atelier de Cuenca, estimé 4 000 euros. Elles comptent parmi les lots les plus rares du trésor de Bazas. À noter également, un rare écu d’or de Catherine de Foix, qui n’a régné qu’une seule année, en 1483-1484, sur le Béarn, appelé « écu aux deux vaches » et estimé 1 500 euros, ainsi qu’une série de « Royal d’or » de Charles VII, estimés 800 à 1 000 euros l’unité. Pour les amateurs sans le sou, des lots de pièces plus ou moins trouées ou cabossées sont à saisir à partir de 100 euros. « Mais, prévient l’expert, je sais par expérience que toutes ces estimations risquent de doubler, voire tripler. Car les histoires de trésor font toujours fantasmer… »
Vente le 29 octobre à 14 h 30, hôtel des ventes d’Angoulême, 2-4, rue Guy-Ragnaud, 16000 Angoulême, SVV Juge & Gérard-Tasset, tél. 05 45 92 14 63 ; exposition jusqu’au 26 octobre à Paris chez l’expert (tél. 01 42 97 50 00), le 28 octobre 10h-12h, 14h-17h, et le 29 octobre 11h-12h à Angoulême.
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Le trésor de Bazas
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Abonnez-vous dès 1 €- Nom de l’expert : Françoise Berthelot-Vinchon - Nombre de lots : 311 - Estimation totale : 150 000 euros
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°223 du 21 octobre 2005, avec le titre suivant : Le trésor de Bazas