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PHOTOGRAPHIE

Le temps sensible d’Anne-Lise Broyer

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 17 janvier 2024 - 339 mots

Les travaux de l’artiste sont très influencés par ses lectures.

Paris. Les photographies et les dessins d’Anne-Lise Broyer (née en1975) sont intimement liés à ses lectures. Des écrits de Georges Bataille, Pierre Michon ou Bernard Noël, parmi bien d’autres, ont inspiré depuis une vingtaine d’années des livres et des séries à l’univers visuel sensible. Des expositions monographiques récentes en ont donné un bel éclairage comme celles présentées jusqu’au 21 janvier au Musée des beaux-arts et au château de Tours (Indre-et-Loire). À Paris, la Galerie S, qui la représente, offre un tout aussi joli moment de lecture immersive à consonances multiples.

Une aile d’albatros déployée, un paysage de lande escarpée, un bouquet de fleurs ou un bout de maison aux volets clos rongée par l’humidité suffisent à retenir le regard. Un rien, un simple fil blanc tombant d’on ne sait d’où et frôlant le bord d’une table, est ici puissamment évocateur. À partir du titre de la chanson « Le lien défait » de Jean-Louis Murat, Anne-Lise Broyer a construit un accrochage qui retrace une vingtaine d’années de création à travers les séries « Les globes oculaires » et « Le Langage des fleurs » en particulier. Mais aussi quelques dessins à la mine graphite sur tirage argentique dont l’envoûtant Sous un ciel animal, aux lignes, perspectives et teintes variant en fonction de la lumière et de la position du spectateur face à l’œuvre.

Une poésie sans pathos

« La poésie est le lieu critique de l’invention des phrases »,écrit Pierre Alferi dans Chercher une phrase (1991, Christian Bourgois éd.). On y pense doublement devant cette pratique photographique. D’abord en raison de la disparition de l’écrivain, aux écrits chers à l’artiste, mais aussi par rapport à cette vision du langage comme lieu d’expérience à la fois intellectuelle, sentimentale et intime, et à la voix dépouillée de tout pathos.

Prix des photographies en édition de 7 : à partir de 900 euros le tirage, ou 1 700 euros selon le format, et à partir de 3 500 euros pour les dessins à la mine graphite sur un tirage argentique.

Anne-Lise Broyer. Comme l’oiseau borgne,
jusqu’au 24 février, Galerie S, 8, rue du Bourg-l’Abbé, 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°625 du 19 janvier 2024, avec le titre suivant : Le temps sensible d’Anne-Lise Broyer

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