Organisée du 11 au 21 septembre, la manifestation offre cette année un plateau moins étoffé. Lancée pour la première fois en 1956, la Biennale des Antiquaires de Paris va encore cette année tirer le meilleur parti du Grand Palais, qu’elle a retrouvé avec succès en 2006.
PARIS - Pourtant, certains piliers de la manifestation, comme les Parisiens Sarti ou Éric Coatalem, n’ont pas souhaité être du rendez-vous, tandis que Noortman (Maastricht) a été débouté en raison de son rachat par la maison de ventes Sotheby’s. Pour sa part, la section Haute Époque a connu une véritable hémorragie avec les défections des Parisiens Brimo de la Roussilhe, Bresset et du New-Yorkais Blumka. « Pour des petites spécialités comme la nôtre, la foire est trop lourde et l’on n’y voit pas de nouveaux clients, indique Édouard Bresset. On préfère aller à Maastricht. » La Biennale doit, en effet, faire face à la concurrence frontale de Tefaf. Du coup, le salon parisien présente un plateau moins étoffé que lors de la précédente édition avec un total de 95 exposants au lieu de 111, la participation française se maintenant à 66. « Quelques absents font de l’ombre à de nombreuses belles présences, comme Richard Green, défend cependant le marchand parisien Pierre-Michel Dumonteil. On ne peut pas reprocher aux marchands internationaux de ne pas avoir voulu venir dans un climat économiquement tendu. Ceux qui sont là, en tout cas, abordent la biennale sans optimisme béat, mais avec confiance. »
Alors que les Parisiens Maurice Segoura et Ariane Dandois ont tiré leur révérence et que le marché du mobilier XVIIIe a perdu de sa vigueur, cette spécialité ne constitue plus vraiment l’épine dorsale de la manifestation. Mais les Kraemer (Paris) veulent démontrer que ces pièces peuvent résister au regard actuel. Pour cela, ils ont conçu deux cubes de 16 m2, l’un de décor « contemporain », l’autre classique, dans lesquels ils exposeront des meubles similaires ou cousins germains. Le classicisme règne, quant à lui, chez François Léage (Paris) avec une paire de fauteuils estampillés Michard et un bureau Régence de Charles Cressent.
Le Siècle des Lumières se fait souffler la vedette par le XXe. Habituée à surprendre son auditoire, Cheska Vallois (Paris) joue le jeu de la rétrospective avec vingt-cinq chefs-d’œuvre de l’Art déco passés entre ses mains, telle cette étonnante bibliothèque moderniste de Jacques-Émile Ruhlmann. Le nouvel impétrant Willy Huybrechts (Paris) réhabilite Dominique, avec un tri sélectif d’une vingtaine de pièces datant de 1927 à 1937. Olivier Watelet (Paris) marque, lui, son retour avec une exposition monographique de Jacques Quinet via des meubles en bronze doré ou argenté. L’exposition personnelle est de mise aussi chez Yves Gastou (Paris), lequel déroule le tapis au mobilier de Carlo Scarpa, réalisé pour la Casa Pelizzari à Venise. Le meilleur de la Sécession viennoise se déploie enfin chez Yves Macaux (Bruxelles) avec notamment une vitrine dessinée par Koloman Moser pour l’appartement de Margarethe Hellmann.
La section des tableaux modernes prend cette année de l’ampleur. La galerie L & M (New York) revient avec du lourd, notamment un Rothko de 1949. « Lorsque nous avons fait la Biennale voilà deux ans, nous avons eu l’impression d’être non pas dans un univers de foire, mais d’art et de connaisseurs, indique Dominique Lévy, codirectrice de la galerie. C’était agréable de vendre un dessin de de Kooning à un collectionneur d’art ancien, ou un dessin de Twombly à un amateur d’archéologie. » Les années 1950 siègent chez Applicat-Prazan (Paris), avec une spectaculaire Table de l’Artiste par Nicolas de Staël et chez Antoine Laurentin (Paris) avec une exposition personnelle du peintre d’origine ukrainienne Youla Chapoval.
Côté art asiatique, Antoine Barrère (Paris) prévoit une exposition autour du bouddhisme avec notamment un grand Bodhisattva en schiste noir et des bronzes d’époque Song représentant Ananda et Kasyapa, disciples préférés de Bouddha. Le secteur des tableaux anciens ne saurait rivaliser avec Tefaf, mais on peut y dénicher quelques merveilles comme un portrait d’homme par Philippe de Champaigne chez Emmanuel Moatti (Londres) et un saisissant Saint Sébastien d’Andrea Vaccaro chez Canesso (Paris). « Notre choix est moins intellectuel qu’à Maastricht, qui est incontournable pour les gens de musées, souligne Emmanuel Moatti. En revanche, la biennale est le lieu des rencontres improbables, donc il faut des choses plus fun. À Maastricht, il y a des collectionneurs, à la biennale des clients amateurs. De fait, les deux foires sont indispensables. »
Du 11 au 21 septembre, Grand Palais, avenue Winston Churchill, Paris, www.bdafrance.eu, tlj 11h-23h.
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Le sommet du marché français
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- Nombre d’exposants : 95 exposants
- Tarif des stands : 1 300 euros le m²
- Nombre de visiteurs en 2006 : 80 000
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°286 du 5 septembre 2008, avec le titre suivant : Le sommet du marché français