Le Salon du Livre Rare change de dates et de lieu

Paris. Le Salon, dévolu aux livres anciens, autographes, manuscrits ou encore aux livres enluminés, est l’un des plus importants au monde avec celui de New York. Mais cette année, il a dû faire face à quelques remaniements. En effet, il ne peut pas se tenir en septembre au Grand Palais éphémère en phase de démontage et pas encore au Grand Palais. L’organisateur de l’événement, le Syndicat national de la librairie ancienne et moderne (SLAM), a dû trouver un autre lieu. « La direction du Grand Palais nous avait proposé des dates en novembre et dans les galeries sur les côtés – la nef était déjà occupée. Les tarifs prohibitifs et le fait que les salles soient à l’étage nous ont fait décliner cette proposition », rapporte Jean-Marc Dechaud, le président du Salon. C’est finalement le Carreau du Temple qui a été retenu, et la manifestation se tiendra pour la première fois du 14 au 16 juin.

« Avec 25 % d’espace en moins, nous avons dû refuser du monde et les premiers qui se sont manifestés ont été les premiers servis. Nous avons aussi dû réduire l’espace dévolu aux animations culturelles autour du livre ancien », détaille Jean-Marc Dechaud.

Ainsi, ils sont 110 exposants (30 sont étrangers) contre 140 en septembre dernier, dont 90 libraires, sept galeries d’estampes & dessins, sept éditeurs spécialisés et six relieurs et artisans du livre. Tous espèrent, comme les organisateurs, que ce changement de lieu va renouveler un peu l’intérêt pour cette manifestation. « Ce nouveau cadre est susceptible d’attirer la clientèle jeune et dynamique de cet élégant quartier du Marais. Je pense que la salle est parfaitement adaptée », estime le libraire Henri Vignes. Avant d’ajouter : « II y avait beaucoup de jeunes visiteurs en avril dernier au Salon du livre rare à New York. Dans les librairies, on sent ce même élan de curiosité, porté paradoxalement par les réseaux sociaux. C’est à nous de fidéliser cette nouvelle génération qui découvre à quel point les livres de nos ancêtres étaient “stylés”.» D’ailleurs, la volonté de mettre la jeunesse à l’honneur, à la faveur d’un stand découverte (avec des ouvrages à moins de 200 €) et le lancement du Prix du Jeune Bibliophile, sont là pour en témoigner.

L’accent est également mis sur le surréalisme qui fête ses 100 ans. Aussi, plusieurs libraires exposent des ouvrages s’y rapportant. Ainsi, la librairie Clavreuil dévoile Les Calligrammes (1918) d’Apollinaire (1880-1918), édition unique reliée par Sonia Delaunay (350000€), quand la librairie Vignes montre une série de dessins originaux de Simone Kahn (1897-1980) Max Morise (1900-1973), Raymond Queneau (1903-1976), mais aussi une œuvre érotique inédite de Magritte (1898-1967) – ébauche des Profondeurs du plaisir de la « période vache » (30 000€), et que la librairie Lardanchet dévoile l’un des 19premiers exemplaires du Manifeste du surréalisme d’André Breton (25 000€). Concernant la littérature classique, une édition princeps rarissime de La Cité de Dieu de Saint Augustin (354-430), en langue italienne, imprimée à Venise entre 1476 et 1478, est à découvrir chez Camille Sourget, lorsqu’un grand ensemble autour de Romain Gary, (1914-1980) avec plusieurs manuscrits, est visible chez Walden.

Pour compléter le tout, des expositions animent l’événement : celle de la Fondation des Treilles (Haut-Var), invitée d’honneur, et celle de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris (ACBP) qui montre les dessins de solidarité réalisés à l’occasion de la lutte contre la suppression de cette institution parisienne en vue des Jeux olympiques.