Les changements de lieu et de date ont favorisé la manifestation, qui a su séduire les visiteurs. Cette édition, plus resserrée, a aussi gagné en qualité.
Paris. Installé pour la première fois au Carreau du Temple – lieu qui va devenir habituel au moins pour quelques années –, le Salon du livre rare et des arts graphiques avait fière allure dans ce lieu charmant et parfait pour les manifestations culturelles. Il a d’ailleurs reçu un bon accueil sous ce nouveau format, lors de sa tenue, du 14 au 16 juin.
Les 110 exposants, dans leur grande majorité, se sont dits très satisfaits du lieu, tout comme les visiteurs. « Ils ont été agréablement surpris. Par rapport au Grand Palais (Éphémère ou permanent) – le Carreaux du Temple étant plus petit de 25 % –, ils ont affirmé avoir le temps de parcourir l’ensemble du Salon rien que le soir du vernissage – chose impossible au Grand Palais. De nombreux clients m’ont fait la même remarque : je vais enfin pouvoir tout voir ! D’où l’intérêt d’un salon à taille humaine », a rapporté Hervé Valentin (librairie Walden). Il présentait le manuscrit autographe de La Vie devant soi, de Romain Gary, une œuvre muséale qui n’était pas à vendre. En revanche d’autres pièces de l’auteur ont été cédées ainsi que quelques manuscrits de Hugo, Camus ou encore Kessel, pour des prix entre 500 et 40 000 euros.
En changeant de lieu et de quartier d’exposition, les organisateurs espéraient vivement « apporter du sang neuf au niveau de la clientèle ». Ils ont été en partie exaucés : si certains exposants ont confié avoir surtout vu leurs « clients habituels », d’autres ont affirmé « avoir rencontré de jeunes bibliophiles ». C’était le cas notamment de Laurent Auxietre (Le Manuscrit français, Versailles). En revanche, le libraire versaillais qui ne connaissait pas le Carreau du Temple, même s’il a été agréablement surpris, reste quand même convaincu que « le Grand Palais Éphémère était vraiment le top car il n’y avait pas de lumière zénithale – qui peut être préjudiciable pour les autographes et manuscrits ». Le marchand proposait notamment une lettre autographe de Rimbaud, signée à sa famille (10 septembre 1884), « l’une de ses plus belles lettres encore en main privée » (affichée à 185 000 €). « Au départ, nous avions un peu peur – du fait qu’il y ait moins d’exposants – que la qualité en pâtisse, mais au contraire cela a concentré les meilleurs exposants et a tiré l’offre vers le haut », a confié un des participants. L’un des stands qu’il ne fallait pas manquer était celui d’Alexis Lenin (Paris) qui dévoilait un ensemble d’archives inédites concernant Jean Cocteau, provenant d’Hermann et Anaïs Dietz. Parmi ces documents, le plus remarquable d’entre eux est assurément le Cahier de philosophie (daté de l’été 1907). Trace de son deuxième séjour au Val-André chez les Diez – couple qui avait pour habitude de prendre en pension des élèves en difficulté (Cocteau ayant échoué à la dernière session du baccalauréat) –, il témoigne du moment charnière de son existence durant laquelle il décide d’abandonner ses études pour se consacrer pleinement à la poésie. Il anime ici en une centaine de dessins, un petit personnage aux allures de dandy, nommé Flosty-Clyde, dans le genre « bande dessinée », qui, tout au long des pages, et avec beaucoup d’humour, commente le cours et exprime ses états d’âme.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le Carreau du Temple réussit au Salon du Livre Rare
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°636 du 21 juin 2024, avec le titre suivant : Le Carreau du Temple réussit au Salon du Livre Rare