Quelque cinq cents dessins de grande et de très grande qualité exposés, un public motivé, averti et acheteur : les dix-sept marchands qui ont participé du 5 au 10 avril au Salon du dessin de collection à l’Hôtel George V ont été, dans leur immense majorité, ravis du résultat.
PARIS - Retrouver le cadre des deux premiers salons de 1991 et 1992, délaissé en 1993 pour le Grand Palais, fermé l’année dernière, n’a pas été la moindre des satisfactions des exposants.
"Les clients sont en général très contents que nous soyons revenus," a indiqué Marie-Christine Carlioz de la galerie de La Scala, qui, parmi un choix éclectique d’œuvres françaises, a vendu une étude de Simon Vouet et plusieurs aquarelles du XIXe siècle. "Notre présentation au George V est plus intime, moins factice qu’au Grand Palais, et mieux adaptée au dessin. Et les gens viennent parce qu’ils sont vraiment intéressés par ce que nous proposons."
"Le goût du bourgeois français"
Les marchands étrangers, reçus pour la première fois au Salon, étaient tous satisfaits du déplacement. Lindsay Stainton, directrice de la galerie Hazlitt, Gooden & Fox de Londres, qui avait apporté trois dessins de Gainsborough, "l’un des rares artistes britanniques que connaissent les Français", et quelques magnifiques dessins italiens XVIIe siècle, a finalement vendu un Valet d’écurie de Horace Vernet et le Portrait de l’artiste de Pierre-Noël Violet. Très contente du "sérieux" de l’amateur parisien et des bons contacts qu’elle a pu établir au George V avec des collectionneurs allemands et britanniques, elle indiquait avec humour que "le goût du bourgeois français est plutôt insulaire".
Jean-Luc Baroni, de Colnaghi, qui était venu au Salon "sans trop y croire" mais l’a trouvé "très positif", a également vendu cinq dessins, tous français. Diplomate, Sebastian Goetz, de la galerie David Carritt de Londres, représentant le groupe Artemis, et qui n’a pourtant rien vendu parmi les œuvres de son stand, a néanmoins jugé le Salon "utile". D’une qualité exceptionnelle, ses dessins affichaient des prix en conséquence : 3 750 000 francs pour le très poignant Enfant malade, vers 1858, de Millet et 3 250 000 francs pour L’Éducation de la Vierge, vers 1769, de Fragonard.
Projet révolutionnaire pour le Panthéon
Mark Brady, de New York, en revanche, qui participait à son premier salon en dehors des États-Unis, et montrait des dessins français des XVIIIe et XIXe siècles, à des prix allant de 8 000 à 250 000 francs, en a vendu une dizaine. À des prix encore plus modestes – autour de 30 000 francs –, la galerie Fischer-Kiener s’est séparée d’une vingtaine d’œuvres.
Douze dessins ont trouvé preneur chez Bruno de Bayser, dont, à sa grande surprise, bon nombre au-dessus de 100 000 francs. Le soir du vernissage, trois études du XVIIIe siècle de Charles Coypel sont parties au château de Versailles, chez un collectionneur américain et à un musée des États-Unis. Douze dessins ont également trouvé preneur chez Gabriel Terrades de la galerie de Stael – notamment, pour plus de 200 000 francs, un Léda et le cygne de l’artiste florentin du XVIIe Bandinelli, une Tête de jeune homme de Dominiquin, et un projet de frontispice d’Abraham Bloemart.
La galerie Aittouarès disait avoir bien vendu parmi son choix de dessins de 1850-1860 (Rodin, Hugo, La Fresnaye, Gleizes, Brauner). Quant à Nicolas Joly, de la galerie Yves Mikaeloff, il a vendu six dessins français du XVIIe siècle, dont une étude de 1645 de Nicolas Mignard pour L’Assomption de la Vierge, tableau conservé au Musée des beaux-arts de Nîmes.
Présente pour la première fois au Salon, la galerie Talabardon a vendu au Fogg Art Museum de Baltimore une feuille d’études de bras et de jambes de 1699 par Charles de Lafosse et, au Centre canadien d’architecture de Montréal, un projet architectural de l’époque révolutionnaire de Charles de Wailly pour le Panthéon.
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Le Salon du dessin redémarre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°14 du 1 mai 1995, avec le titre suivant : Le Salon du dessin redémarre