Le rapport sur le commerce de l’art élaboré par une commission parlementaire de la Chambre des communes constitue une première. Le texte risque de faire du bruit si l’on prend en compte ces recommandations qui proposent notamment au Royaume-Uni d’adhérer à l’Unidroit, de mettre sur pied une base de données nationale des objets volés ou exportés illégalement et d’interdire le commerce de biens culturels provenant de fouilles interdites ou ayant été exportés illicitement.
LONDRES (de notre correspondant) - Le rapport sur les biens culturels émanant d’une commission parlementaire de la Chambre des communes, constitue l’une des enquêtes les plus détaillées de ces dernières années sur le commerce illicite et les questions de restitution d’œuvres d’art. Il s’agit d’une première. Aucune enquête n’avait encore jusque-là été diligentée par cette institution dans le domaine du commerce de l’art.
Quarante-sept spécialistes ont été convoqués par cette commission composée de représentants de toute la classe politique, dont sept députés travaillistes, trois conservateurs et un démocrate libéral et présidée par l’ancien secrétaire d’État Gerald Kaufman. Soixante institutions ou sociétés ont remis des documents écrits dont l’Art Newspaper, notre partenaire éditorial, qui a fait connaître le fruit de ses recherches sur les dessins de Dürer pillés par Hitler au Musée Lubomirski à Lvov.
Les députés se sont rendus à Thessalonique, Athènes et Rome, ont visité le British Museum et ont fait étape à Scotland Yard. Leur rapport, qui comprend quelque quatre cents pages de témoignages et d’annexes, a été publié le 25 juillet.
Bien que les travaillistes y soient majoritaires, la commission n’a pas hésité à critiquer le gouvernement et à mener des investigations poussées. À l’automne prochain, le gouvernement publiera le détail des décisions, prises en vertu des recommandations, qui pourraient aboutir à une nouvelle législation. Parmi les vingt recommandations de la commission, quatre sont fondamentales. La première propose de mettre sur pied une base de données nationale des objets volés ou exportés illicitement. La seconde d’interdire le commerce de biens culturels provenant de fouilles illicites ou ayant été exportés illicitement. La troisième et la quatrième d’adhérer à l’Unidroit et de légiférer pour permettre aux musées de procéder à la restitution d’objets provenant de butins de guerre.
Création d’un livre de bord
La commission a étudié avec la plus grande attention la proposition de création d’un “livre de bord” dans lequel serait notée obligatoirement la provenance des principales antiquités et des œuvres d’art, mais l’a finalement rejetée. Elle a néanmoins reconnu qu’un “livre de bord représenterait un outil important dans la lutte contre le commerce illicite de biens culturels et serait de ce fait souhaitable en théorie”. Mais la question la plus épineuse, l’affaire des frises du Parthénon, ne figure même pas dans les recommandations. Malgré le séjour des parlementaires à Athènes, suivi d’une rencontre avec le ministre des Affaires étrangères Georges Papandreou, le rapport de la commission rend à peine compte des positions britannique et grecque. Interrogé sur l’incapacité de la commission à émettre un avis tranché, Gerald Kaufman a répondu que la polémique relative aux frises ne “s’inscrit pas exactement” dans le domaine d’action de la commission, puisque les sculptures “n’ont pas été pillées dans le sens où nous l’entendons”.
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Le Royaume-Uni vers l’Unidroit ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°110 du 8 septembre 2000, avec le titre suivant : Le Royaume-Uni vers l’Unidroit ?