L’étude Piasa dispersera, les 28 et 29 avril, la seconde partie de la collection de Philippe Zoummeroff, homme d’affaires et grand bibliophile. La première, vendue en mars 1995, avait réalisé 20 millions de francs de produit. Cette vacation, bien que moins riche en œuvres exceptionnelles, comprend toutefois un important ensemble de lettres et de manuscrits d’Anatole France, une très rare édition du Roman de la Rose et de nombreux livres de voyages.
PARIS. C’est la composition la plus célèbre et la plus curieuse de l’ancienne littérature française. Cette édition du Roman de la Rose, de Guillaume de Lorris et Jean de Meung, serait le dernier exemplaire connu en mains privées (150-200 000 francs). Une dizaine subsistent à travers le monde dans les collections publiques, dont deux à la Bibliothèque nationale de France, deux à la Bibliothèque Mazarine et deux autres dans des musées américains. Cette édition genevoise appartiendrait à l’atelier de Jean Croquet. La collection renferme également de nombreux ouvrages anciens et modernes sur les sciences (Copernic, Laennec, Pasteur, Marie Curie), ainsi que des livres de voyages comme Les Antiquités mexicaines de Guillermo Dupaix (90 000 francs). Cette édition originale de 1837 décrit les expéditions du capitaine Dupaix, organisées entre 1805 et 1807 à la requête du roi d’Espagne Charles IV afin de rechercher des antiquités, notamment à Mitla et Palenque. Elle comporte un frontispice et 166 planches lithographiées par Engelmann, ainsi que des illustrations du dessinateur mexicain Castaneda. L’ouvrage, qui donnait une vision des sites mayas, connut un succès considérable. “Il reste que l’œuvre de Dupaix est la première étude sérieuse des vestiges mayas appuyée par des dessins [...] qui quelquefois nous fournissent la seule image qui subsiste des bas-reliefs et des stucs détruits en près de deux siècles”, concluait Jacques Soustelle dans son livre sur les Mayas. Autre récit de voyage, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient, (55 000 francs) est le compte-rendu d’une expédition entreprise par Alphonse de Lamartine en 1832, après l’échec de sa candidature à la députation. Ayant fait étape à Naples, Rhodes, Chypre et Beyrouth, il se rend ensuite à Jérusalem où il commence à écrire Le désert ou l’immatérialité de Dieu. Puis il reprend son voyage par le Liban et Damas et, au printemps 1833, écrit Gethsémani ou la mort de Julia. Plus tardif, le Cantique des cantiques, traduit par Ernest Renan, est présenté dans un maroquin rouge bordeaux orné d’une tête de femme de profil à la coiffure fauve, dans un étui en laque de Dunand. Richement illustré par Schmied de bois originaux rehaussés d’or et d’argent et d’une gouache signée par l’artiste, c’est l’ouvrage le plus représentatif de l’Art déco (180-200 000 francs). Au programme également, un important ensemble de manuscrits et d’épreuves corrigées d’Anatole France. “On n’a pas vu en vente publique depuis longtemps un tel ensemble d’ouvrages d’Anatole France”, indique l’expert Dominique Courvoisier. Parmi eux, La légende de sainte Radegonde, reine de France, datant de 1859 (60-80 000 francs). Cette édition originale d’une nouvelle écrite à l’âge de quinze ans, présentée dans une reliure de l’époque, appartenait au père de l’auteur. À noter encore un manuscrit autographe signé d’Au petit bonheur (21 000 francs). Ce manuscrit de travail de premier jet, surchargé de ratures, de variantes et de petits morceaux collés, constitue le texte de la première comédie d’Anatole France, écrite pour Madame Arman de Caillavet, jouée par elle et par Robert de Flers et Georges Feydeau.
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Le retour de Zoummeroff
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°81 du 16 avril 1999, avec le titre suivant : Le retour de Zoummeroff