PARIS
Le marchand parisien prépare son « come-back » tout en multipliant les procédures pour obtenir une révision de son procès.
PARIS - Moins de dix ans après sa condamnation pour banqueroute, le marchand parisien Jacques Melki ouvrira officiellement le 10 juin une galerie au 75, rue des Saints-Pères (Paris-6e). Cette adresse est déjà depuis un an et demi le siège social de sa société Segame. Un nom bien connu des chroniqueurs judiciaires, nombreux à avoir suivi la longue affaire qui aura secoué le marché parisien, compromettant l’un de ses acteurs.
Le 7 septembre 1993, la Segame, qui gérait la galerie de Jacques Melki alors sise rue de Seine, est déclarée en cessation de paiement. D’après Me Éric Morain, avocat du marchand, la procédure a été ouverte alors que ni les banques, qui avaient consenti des prêts faramineux, ni la Recette générale des finances, n’avaient assigné la Segame. La société sera placée en redressement judiciaire le 13 septembre 1993, puis en liquidation judiciaire deux mois plus tard, le 8 novembre. Le 24 janvier 2001, des responsables de banques seront condamnés pour complicité de banqueroute conjointement avec Melki.
Alors que le mandataire judiciaire Isabelle Didier avait d’abord fait état d’un passif de 343 millions de francs, le jugement de clôture de la liquidation, rendu le 21 décembre 2004, se terminait avec un boni de liquidation de 6,2 millions d’euros. « Les créances étaient fictives. La précipitation de départ, et la lenteur ensuite pour mener la liquidation, sont étranges. Jacques Melki s’est fait avoir par la bande qui dirigeait le tribunal de commerce, les magistrats consulaires et leurs bras armés, les mandataires liquidateurs », insiste Éric Morain.
Depuis, Jacques Melki veut remonter la pente et se refaire une virginité. Il a attaqué l’État pour déni de justice et faute lourde réclamant pour le préjudice subi la somme pharaonique de 600 millions d’euros. Une somme bien supérieure à ce qu’a pu obtenir Bernard Tapie !
Le 12 mai, le tribunal administratif de Paris a débouté le plaignant, lequel a interjeté appel. Cette procédure n’est toutefois qu’un élément du plan de contre-attaque conçu par Melki. Un autre volet, qui sera plaidé fin juin devant le tribunal de grande instance de Paris, porte sur la responsabilité de l’État et le fonctionnement défectueux des services de la justice, plus particulièrement du tribunal de commerce. Un troisième pan, d’ordre pénal, concerne Isabelle Didier, poursuivie pour détournement et corruption. Une première plainte déposée voilà trois ans avait abouti à un non-lieu. Cette ordonnance fut infirmée en novembre 2009 et renvoyée en janvier 2010 devant un nouveau juge. Celui-ci a demandé une enquête pour éclaircir certains points litigieux.
Parallèlement, Jacques Melki a introduit devant la commission de révision des condamnations pénales une demande de révision de sa condamnation pour banqueroute frauduleuse.
Reste à voir si son retour aux commandes d’une nouvelle galerie se doublera pour Melki d’un retour en grâce. Le marchand, qui exerce en Espagne depuis 1997 via la galerie Melrose basée à Marbella, peut-il retrouver la confiance de ses confrères et des collectionneurs français ? « Je vais revenir comme si je n’étais jamais parti », affirme sans ciller l’intéressé. À suivre.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le retour de Jacques Melki
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°326 du 28 mai 2010, avec le titre suivant : Le retour de Jacques Melki