La vente d’art précolombien du 5 mars à Drouot, menée par Jean-Claude Binoche et l’expert Jacques Blazy, s’est déroulée sans la participation des collectionneurs américains. Au final, les grosses pièces ont eu du mal à trouver preneurs.
PARIS - La vente d’art précolombien, organisée par la SVV Binoche à Drouot le 5 mars, était très attendue : plusieurs pièces importantes dont des masques en pierre dure avaient été annoncées. Avec près de 90 % de lots vendus, l’on pourrait parler de succès... “sans enthousiasme”, commente pourtant l’expert Jacques Blazy, qui se dit “très déçu” du résultat atteint par les pièces phares. Car certains gros lots sont restés en touche alors que d’autres se vendaient difficilement sous leur estimation. Parmi les invendus, on compte deux céramiques anthropomorphes nayarit estimées 12 000 à 15 000 euros pièce, deux masques teotihuacán estimés entre 23 000 et 38 000 euros (sur les cinq proposés) et une hacha cérémonielle estimée 18 000 euros au bas mot. Une rare statuette anthropomorphe en pierre dure vert foncé, de culture xochipala de l’État du Guerrero au Mexique et provenant de l’ancienne collection Berjonneau, a été cédée à 21 000 euros au marteau, soit son estimation basse. Une rare et importante plaque pectorale zoomorphe de Tumaco-La Tolita (Colombie) en or est partie à 73 100 euros (frais compris), alors qu’elle était évaluée 85 000 à 100 000 euros. Pour la vedette incontestée de la vente, un masque olmèque en jadéïte verte, estimé entre 180 000 et 200 000 euros, le marteau est tombé à 145 000 euros. Un masque pectoral chontal, estimé 20 000 à 25 000 euros, a frôlé son estimation basse, tandis que deux importants masques teotihuacán et une hacha cérémonielle en forme de tête figurant une hémiplégie faciale ont été emportés sous leur estimation. “On a vendu au ras des pâquerettes, relate l’expert. Tous les collectionneurs d’art précolombien ont pourtant reçu le catalogue de la vente ; d’ailleurs la salle était pleine. Les estimations faites étaient parfaitement normales. Mais les collectionneurs américains, sans conteste les plus gros clients, ne se sont pas manifestés. Du coup, le marché est un peu figé.” Ce sont donc les collectionneurs “moyens” européens qui ont fait le jeu des enchères, s’arrachant notamment les cinquante coupes narino du sud de la Colombie décorées de divers motifs, “vendues comme des petits pains” à l’unité entre 190 et 2 000 euros, souvent au-dessus du prix proposé. Pour le rare torse humain aztèque représentant un écorché, parti à 9 400 euros contre une estimation moyenne de 4 000 euros, l’expert voit là “l’effet de l’exposition de Londres sur l’art aztèque”. Phénomène nouveau, des acheteurs se sont également manifestés après la vente pour acquérir aux conditions de l’after-sale les deux masques teotihuacán ravalés. Le commissaire-priseur Jean-Claude Binoche a confié à son expert : “Vu le contexte actuel, on s’en est bien sorti !”
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Le précolombien déçoit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°167 du 21 mars 2003, avec le titre suivant : Le précolombien déçoit