Pour sa première présentation parisienne, l’artiste américain investit tout l’espace de la galerie Balice Hertling avec ses multiples hybridations.
PARIS - Depuis quelque temps certains collectionneurs ont tendance à déserter les galeries pour leur préférer les foires. Il se dit même, et malheureusement, que hors de ces grandes messes, il n’y aurait point de salut. Quoi qu’il en soit, il existe indéniablement un public, des galeries et des artistes pour ce type de manifestation. On n’ira pas jusqu’à dire que Will Benedict (né en 1978 à Los Angeles) est un phénomène de foire, mais c’est bien sur ces cimaises qu’il a grandi très vite et suscite aujourd’hui dans les allées un bourdonnement excité (buzz en anglais). En gros, on se l’arracherait. On l’annonce déjà à la prochaine Art Basel (du 17 au 22 juin) sur au moins deux stands, ceux des galeries Bortolami de New York et Gio Marconi de Milan. Bâle, où il était déjà exposé dans le cadre de « Liste » en 2011. En France, c’est d’ailleurs bien à la Fiac qu’il est apparu pour la première fois en 2011 et 2012 sur le stand de sa galerie allemande Neue Alte Brücke, de Francfort. On l’avait également entrevu à la galerie Valentin qui avait invité dans son Project room la galerie allemande précitée pendant la Fiac 2012. Mais Will Benedict n’avait encore jamais présenté d’exposition personnelle à Paris. C’est désormais chose faite. Présentée dans la galerie Balice Hertling (dans le 20e arrondissement), celle-ci marque en outre l’installation de l’artiste dans la capitale depuis le début de l’année (il vivait avant à Vienne) dans le cadre d’une résidence à la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette.
Des tableaux dans une installation in situ
Mais qu’en est-il réellement des œuvres sur les murs ? Force est de constater qu’elles sont indéniablement de belle qualité. Tout d’abord Will Benedict ne se contente pas que des murs puisqu’il a totalement repensé l’espace de la galerie, du sol qu’il a recouvert de coco au mobilier qu’il a changé de nature et de place. Il a en effet remplacé les habituels bureaux par des billots de boucher et des meubles de cuisine en inox avec une bande-son. Certes, mais plus pertinents encore sont ses tableaux dont la composition inédite prolonge le branle-bas et offre une proposition plastique réussie ainsi qu’une réflexion maligne sur l’image dans l’image. Chacun se compose en effet d’un panneau de mousse rigide ou carton plume (« foam-core ») peint de motifs et découpé en l’une de ses parties, pile à la taille d’une petite gouache sur toile qui vient s’y insérer. Il en résulte un effet de juxtaposition, d’hybridation qui crée un séduisant effet de rencontres de matières, de contrastes formels, de rythmes et d’harmonies visuelles, entre le geste et la frise. Les prix sont moins attrayants qui oscillent entre 5 000 euros pour une édition à trois exemplaires, à 18 000 euros pour le plus grand tableau. Ils correspondent en tout cas au statut en vue de l’artiste et en logique aristotélicienne à un syllogisme : un artiste rare est cher, un bon artiste bon marché est rare, donc un bon artiste cher est bon marché.
Nombre d’œuvres : 12 murales et une sculpture
Prix : entre 5 000 et 18 000 €
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Le phénomène Will Benedict à Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 21 juin, Galerie Balice Hertling, 47 rue Ramponneau, 75020 Paris, tél.01 40 33 47 26
www.balicehertling.com
mercredi-samedi 14h-19h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°414 du 23 mai 2014, avec le titre suivant : Le phénomène Will Benedict à Paris