Bande dessinée

Le phénomène Bilal

Artcurial livre 350 dessins originaux du dernier album d’Enki Bilal aux enchères

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 16 septembre 2009 - 652 mots

PARIS - Le 19 septembre, lors d’une vente événementielle consacrée à la bande dessinée d’Enki Bilal, Artcurial dispersera les 350 œuvres originales de l’album Animal’z sorti il y a moins d’un an aux éditions Casterman.

1,2 million d’euros sont attendus, soit une coquette somme pour une spécialité jugée encore mineure il y a quelques années, et une première pour une vente monographique dans ce domaine. La vacation a été précédée d’une exposition de tous les originaux de l’album, avec entrée payante du 8 juillet au 13 septembre, attirant plus de 10 000 visiteurs. Mais Bilal n’est pas un auteur de bandes dessinées comme les autres. Si le succès de ses albums est planétaire, ses dessins originaux sont prisés et se vendent une fortune en ventes publiques. Le 24 mars 2007, la vente de 32 œuvres de Bilal à l’hôtel Dassault avait atteint près de 1,3 million d’euros, soit quatre fois les attentes. La palme était revenue à un dessin sur vélin à l’acrylique, pastel et mine de plomb représentant Nikopol et Jill Bioskop enlacés, les deux héros de l’ouvrage Bleu Sang paru en 1994 aux éditions Christian Desbois, envolé à 176 900 euros (cinq fois l’estimation). Ce prix reste un record mondial pour une œuvre d’un auteur de bande dessinée vivant. La personnalité artistique de Bilal, son talent de dessinateur et sa présence médiatique, notamment grâce au cinéma, ont marqué toute une génération de personnes bien au-delà du monde de la bande dessinée. De plus, avec Bilal, il faut parler de dessins et non de planches de BD.

Actualité très présente
Car cet artiste du neuvième art travaille comme un dessinateur et un peintre, en réalisant chaque case de ses albums comme un tableau individuel. Il le fait systématiquement depuis le milieu des années 1990, quand il a commencé à plancher sur le Sommeil du monstre (publié en 1998), premier volume de sa célèbre Tétralogie du monstre. L’ajout du texte et le montage en planches se font ensuite sur ordinateur. C’est pourquoi les dessins de Bilal, qui fonctionnent comme des œuvres originales à part entière, séduisent les amateurs de dessin (médium qui a le vent en poupe) ainsi que les collectionneurs d’art contemporain. L’exposition de l’été offrait d’ailleurs un autre regard aux visiteurs à travers une scénographie originale. Enfin, les dessins de Bilal racontent des choses en rapport avec une actualité qui touche un large public, toujours dans une vision prospective. Dans le western futuriste Animal’z, il aborde l’évolution du monde humain et animal confronté aux dérèglements planétaires. Pour les 350 œuvres qui seront dispersées chez Artcurial, les prix démarrent à 800 euros – jusqu’à 20 000 euros pour les dessins les plus emblématiques. « Les estimations sont raisonnables pour une œuvre dont la cotation sera établie au cours de la vente. Par rapport aux ventes précédentes, une autre technique est ici abordée par Bilal : celle du crayon gras sur papier teinté avec rehauts de pastel?», précise l’expert Éric Leroy. Chaque dessin à vendre est signé, encadré et porte un tampon de la vente au dos de son cadre. Le marché sera-t-il capable d’absorber autant de lots, soit 350 ? Pour Éric Leroy, « la multiplicité des sujets (portraits, animaux, paysages animés, décor) est susceptible de plaire à des acheteurs variés. Les aficionados des BD de Bilal pourront tenter de reconstituer des planches de l’album en acquérant plusieurs lots, à l’instar de la fameuse scène du duel (lots 316 à 323) que nous avions mis en exergue sur un mur entier lors de l’exposition estivale ». Le lot phare de la vacation reste l’illustration de la couverture, une superbe image représentant l’homme et l’animal. Estimé 35 000 à 40 000 euros, ce dessin sera certainement le plus disputé.

ENKI BILAL, ANIMAL’Z, vente le 19 septembre à l’hôtel Dassault, Artcurial, 7, rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris, tél. 01 42 99 20 20, exposition publique : du 15 au 18 septembre 11h-19h, www.artcurial.com

ANIMAL'Z
Expert: Éric Leroy
Estimation: 1,2 million d’euros
Nombre de lots: 350

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°309 du 18 septembre 2009, avec le titre suivant : Le phénomène Bilal

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