Fréquentation en hausse (25 000 visiteurs contre 20 000 l’an passé, selon les organisateurs) et bon niveau d’affaires pour cette seconde édition réussie du Pavillon des antiquaires et galeries d’art, qui s’est tenue du 9 au 18 avril à l’Espace Eiffel-Branly. Mais le salon est encore trop franco-français et certains exposants souhaiteraient qu’il s’ouvre plus aux marchands étrangers de qualité, susceptibles d’attirer les grands collectionneurs américains ou européens, insuffisamment présents cette année.
PARIS - Accueilli à l’entrée du salon par plusieurs Bruegel le Jeune, un Osias Beert et un Catherina van Hemessen présentés par Georges de Jonckheere, le visiteur découvre quelques mètres plus loin, sur le stand de la galerie Doria, un canapé de Pierre Chareau en noyer de Nouvelle-Guinée, à proximité d’un charmant et lumineux Henri Le Sidaner, Le Boulevard du roi, exposé chez Connaught Brown, lui-même à quelques pas d’une coupe céphalomorphe Dengese, de l’ancien Congo belge, proposée par la galerie Valluet-Ferrandin : le charme et l’intérêt du Pavillon des antiquaires et galeries d’art résident dans cet éclectisme, perçu comme une bouffée de fraîcheur par le public comme par les marchands. Quelques lacunes encore dans cette diversité : l’absence de grandes galeries spécialisées dans les arts d’Extrême-Orient et l’archéologie. Patrick Perrin, l’un des organisateurs du salon, annonçait quelques jours avant sa clôture, la venue de Jacques Barrère pour la prochaine édition. Dans d’autres spécialités, les frères Fabius et Patrice Bellanger (sculptures), Richard Green (tableaux modernes), mais aussi Reynold Hadjer (tapisseries) et Bernard Croissy (armes) pourraient se joindre à eux. Nicolas André, de la galerie Patrice Trigano, souhaiterait de son côté que d’autres sections, comme les bijoux, l’orfèvrerie et les tableaux, soient plus étoffées. “Nous pourrions dès l’an prochain nous agrandir en occupant la tente voisine de 2 500 m2, capable d’accueillir 40 marchands”, signalait Patrick Perrin.
La manifestation semble encore pâtir de son caractère trop hexagonal. Parmi les 66 exposants ne figuraient que sept marchands étrangers, dont cinq belges et deux anglais. “C’est un salon très français, très parisien, déplorait Philippe Denys. Les efforts doivent porter sur l’ouverture à de nouveaux exposants étrangers. Les grands salons sont tous bâtis sur une forte présence de marchands internationaux dans des spécialités très diverses.” Anthony Brown, de la galerie Connaught Brown, regrettait également que la clientèle soit trop franco-française. “C’est un jeune salon de qualité qui a encore progressé par rapport à l’an passé, soulignait de son côté Cheska Vallois. Les marchands étrangers viendront à partir du moment où la manifestation sera connue et aura fait ses preuves.”
Une console de Marc du Plantier
Plusieurs marchands se montraient très satisfaits des affaires conclues et affichaient un large sourire. Pour sa part, Cheska Vallois a vendu la quasi-totalité des pièces qu’elle présentait, à l’exception d’une paire de fauteuils de Giacometti et d’un meuble d’Émile-Jacques Ruhlmann ; et Christian Boutonnet, à L’Arc en Seine, une console de Marc du Plantier (800 000 francs), une table basse de Jean-Michel Frank ainsi que la plupart des gouaches de Christian Bérard. Même tonalité positive chez Patrick Perrin : il s’est séparé d’une commode en acajou de Claude Charles Saunier (620 000 francs) et d’une coiffeuse en acajou de Louis Moreau (230 000 francs). Satisfaction encore sur le stand de Jean-Gabriel Mitterrand, qui a cédé un Niki de Saint-Phalle à un collectionneur américain (850 000 francs), ainsi qu’une grande photographie cibachrome de Vik Muniz, Madalena, (120 000 francs).
Anthony Brown, qui précisait avoir vendu quelques œuvres entre 50 000 et 400 000 francs, dont un Ker Xavier Roussel, un Camoin et un Pascin, semblait toutefois un peu déçu, de même que Marc Maison, nouveau venu spécialisé en architecture, décoration et antiquités du jardin. L’antiquaire installé au marché Paul-Bert des puces de Saint-Ouen, qui a vendu son exceptionnel meuble d’appui de Giroux manufacturé par Tahan et deux autres pièces, regrettait de n’avoir pas réalisé davantage de transactions, compte tenu de l’investissement que représente pour lui le salon – 200 000 francs, entre la location et l’aménagement du stand –, et jugeait la communication de la manifestation axée trop largement sur les nouveaux domaines, le mobilier moderne et l’art contemporain.
Plusieurs expositions monographiques étaient organisées lors du Pavillon des antiquaires, qui ont, dans l’ensemble, été plébiscitées par le public. Certaines ont permis aux galeries de doper les ventes, telles la galerie Hopkins-Thomas-Custot, mais aussi L’Arc en Seine qui a cédé dix-sept des vingt gouaches de Christian Bérard entre 60 et 120 000 francs, ou La Bouquinerie de l’Institut avec six œuvres de Chagall entre 400 000 et 1,1 million de francs. De son côté, la galerie de France s’est séparée d’une douzaine d’œuvres de Martial Raysse (entre 30 et 80 000 francs). Fanny Guillon-Lafaille, visiblement déçue, s’étonnait de n’avoir vendu qu’une seule de ses neuf aquarelles de Dufy, proposées entre 50 et 70 000 francs.
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Le Pavillon des Français
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°82 du 30 avril 1999, avec le titre suivant : Le Pavillon des Français