Quelques jours après la fermeture du Pavillon des antiquaires et des beaux-arts, les exposants saluent presque unanimement la manifestation. Enthousiasmés par la qualité et la variété des pièces exposées, ils sont de plus satisfaits par le niveau des ventes et des contacts liés avec une clientèle nouvelle. Trois spécialités semblent avoir particulièrement séduit le public cette année : les bijoux, le mobilier du XXe siècle et les tableaux modernes.
PARIS - Plus de 37 000 visiteurs ont parcouru la cinquième édition du Pavillon des antiquaires qui avait lieu du 23 mars au 1er avril dans le jardin des Tuileries, à Paris. Le rendez-vous est désormais incontournable pour les amateurs, de plus en plus nombreux chaque année. “De l’avis général, le Pavillon est nettement plus beau qu’avant, tant sur le plan du lieu même de l’exposition que de la qualité des pièces exposées, constate Patrick Perrin, organisateur avec Stéphane Custot de la manifestation. Ce phénomène va de pair avec la hausse du niveau d’exigence demandé aux exposants. Nous avons désormais une véritable identité, celle d’un salon mixte et jeune, marqué par le bon goût et l’éclectisme.” Plusieurs domaines étaient effectivement représentés par 90 marchands, proposant pour chaque spécialité un nombre d’exposants suffisamment important pour justifier le déplacement des amateurs. La volonté des organisateurs était explicitement de rééquilibrer le Pavillon, en réduisant cette année le nombre de stands consacrés au mobilier du XXe siècle, trop importants lors de la dernière édition, tout en accroissant la place faite aux arts primitifs, à la photographie ou encore aux bijoux.
À l’heure du bilan, la grande majorité des marchands exprime sa satisfaction : séduits par l’organisation matérielle et l’élégance du lieu d’exposition, ils annoncent un bon niveau de vente, l’établissement de nouveaux contacts qui pourraient se révéler fructueux, et ont déjà manifesté auprès des organisateurs leur désir de renouveler leur participation. Au nombre des spécialités particulièrement plébiscitées par le public se trouvent les bijoux anciens, présentés cette année par cinq marchands. Véronique Bamps avait été rejointe par Sylvie Corbelin, la galerie Sapjo de Monte-Carlo, la galerie Boscher-Grassin-Champernaud – qui a particulièrement séduit avec des pièces d’argenterie décorative et classique du XVIIIe siècle –, et par Elisabeth Lillo Renner qui a principalement exposé de la joaillerie, parmi laquelle un bracelet 1930 à décor de diamants et d’émeraudes, réservé le soir même de l’ouverture du salon. La marchande monégasque s’estime très heureuse de cette première participation, “Je n’ai pas retrouvé mes clients habituels, mais j’ai rencontré de nouveaux amateurs, établi des contacts. La présence de cinq marchands de bijoux était parfaite, car nous formions un groupe homogène et très complémentaire.” Cette opinion est partagée par son confrère Bernard Grassin-Champernaud qui insiste sur l’importance de l’environnement : “Nos clients sont confortés par la qualité du salon, le fait que nous participions à une manifestation de prestige les rassure sur le niveau de qualité artistique dans lequel nous évoluons.”
Parmi les autres préférences marquées des acheteurs, on retrouve le mobilier du XXe siècle, ainsi que la peinture moderne. Le goût des collectionneurs pour les meubles modernes semble assez stable, voué aux grands noms du design. La galerie Downtown consacrait son stand à Charlotte Perriand, dont les tables ont particulièrement séduit. Sur l’espace d’Yves Gastou, ce sont les fauteuils en cuir de Jansen et les meubles d’Arbus qui ont fait l’unanimité. Arnaud Plaisance considère que les amateurs ont été particulièrement attirés par des pièces réalisées dans des matériaux originaux, comme un meuble en galuchat des années 1940 de Maurice Jallot, ou encore un secrétaire créé par Arbus pour l’Exposition de 1937 dont l’abatant est en écaille de tortue. Seul Jean-Louis Danant semble plus mitigé : il n’a vendu que les créations les plus décoratives de son stand, constatant que les plus “importantes”, comme une table de Poera, des miroirs de Line Vautrin ou des chaises de Royère, n’ont pas trouvé acquéreur. Les différents marchands de peinture moderne font également un bilan enthousiaste du Pavillon, affirmant avoir retrouvé leur clientèle habituelle tout en rencontrant beaucoup de nouveaux amateurs. Pascal Lansberg a vendu des toiles des années 1950 de Soulages, Da Silva... Natalie Seroussi a cédé des œuvres de Raysse, Dubuffet, même si les pièces majeures de son stand n’ont pas trouvé preneur. Elle aussi renouvellera sa participation au Pavillon : “Je crois que ce salon est une belle vitrine du marché parisien de la peinture moderne. L’exposition est vraiment représentative de ce que l’on trouve aujourd’hui dans les galeries de Paris. Je trouve toutefois qu’il faudrait faire dans la prochaine édition plus de place à l’art contemporain.”
L’art actuel pourrait en effet prendre plus d’importance dans les prochaines éditions, même si, pour Patrick Perrin, la priorité doit être donnée aux arts anciens, encore trop peu présents au goût des organisateurs du salon : “Nous aimerions pouvoir l’année prochaine pallier le déséquilibre qui existe encore entre l’art ancien et l’art moderne au Pavillon. Cette tâche ne sera pas aisée car les grands marchands de mobilier ancien se mobilisent pour la Biennale des antiquaires. De plus, les cours du marché de l’art étant ce qu’ils sont, il est aujourd’hui presque impossible pour un jeune marchand de débuter dans le domaine des arts anciens.”
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Le Pavillon des antiquaires fait l’unanimité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°147 du 19 avril 2002, avec le titre suivant : Le Pavillon des antiquaires fait l’unanimité