Sur la foire The Independent à New York, la galerie parisienne Balice Hertling montrait une œuvre de Luca Frei reprenant un texte du social-démocrate suédois August Palm.
Intitulé « New York, le jour et la nuit », il s’agissait d’un hymne à la gloire de la capitale américaine. Il est toutefois difficile aujourd’hui de partager cet enthousiasme inconditionnel. « New York, c’était un peu le chaos, entre l’Armory Show, l’exposition de Dakis Joannou au New Museum montrant trop d’œuvres serrées les unes contre les autres. Ils vont dans la mauvaise direction.
Moi je veux éviter le chaos », confiait le collectionneur belge Walter Vanhaerents. Effectivement, l’exposition assez vulgaire de Joannou au New Museum relevait plus de la corne d’abondance, de la gloutonnerie, que du carême de mise depuis la crise. Le hic, c’est que lorsque certains tentent d’éviter le trop-plein et le désordre, ils sombrent dans l’inodore.
Tel est l’un des travers de la Biennale du Whitney (lire p. 11) . On l’aura compris, le milieu de l’art américain ne sait pas nécessairement quelle direction adopter. Certains penchent pour la facilité. Jugée plus accessible dans un marché frileux, la photographie trônait sur le stand de nombre de galeries new-yorkaises, de Candida Höfer chez Sonnabend à Robert Adams chez Matthew Marks.
L’idée, très basique, est de multiplier les possibilités de vente en réduisant les risques. Sans surprise, le galeriste new-yorkais David Zwirner a fait florès sur l’Armory Show avec la centaine de polaroïds de Philip-Lorca diCorcia, affichés à 4 000 dollars pièce. Autrefois, on prétendait que le marché de la photo s’indexait sur celui de l’art contemporain, mais la donne semble s’inverser.
Lower East Side
En même temps, certains marchands reviennent aux grands classiques. Il n’est pas anodin que Mary Boone ait montré en février Joseph Beuys plutôt que David Salle. Ou que Marianne Boesky ait inauguré son nouvel espace uptown avec Lucio Fontana.
Mais, malgré une petite poignée d’expositions de qualité à Chelsea, comme celle remarquable de Mike Nelson chez 303 Gallery, le quartier a perdu pas mal de son allant. « Chelsea s’essouffle, le quartier connaît une crise d’identité, affirme l’artiste Maurizio Cattelan. La crise ne fait que montrer un état de fait qui existe depuis quelque temps. Chelsea n’a pas juste besoin d’un réveil, mais d’une réflexion profonde sur son programme.
Je pense que si quelque chose de créatif émerge, ça viendra du Lower East Side. Les loyers sont moins chers, et l’on peut y prendre plus de risques qu’ailleurs, où les choses doivent rester carrées au final. » Directeur de la DIA Art Foundation, Philippe Vergne ne partage pas cet avis.
Et pour cause : son institution compte ouvrir en 2013 un nouveau bâtiment sur la 22e Rue. « L’essoufflement n’est pas lié à Chelsea. Le monde de l’art est essoufflé, assure-t-il. Aujourd’hui les institutions, musées, galeries ou foires sont-ils équipés pour identifier d’où vient la créativité ? Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose qui se passe, que je ne vois pas, et qui va remettre les choses en question ? »
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« Le monde l’art est essouflé »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°321 du 19 mars 2010, avec le titre suivant : « Le monde l’art est essouflé »