Entre le 25 novembre et le 10 décembre, le mobilier a été sous les feux de la rampe à Dijon et chez cinq études parisiennes. Le ton avait été donné par l’unique vente organisée en province, puisqu’avec plus de 5 millions de francs de produit et 95 % des cinquante-sept lots adjugés, les résultats ont dépassé les espérances des deux commissaires-priseurs. Quant aux autres vacations, à une exception près, elles ont toutes confirmé que le mobilier XVIIIe est l’un des points forts du marché français.
PARIS - Dernier lot de la vingtaine proposés par Me Binoche, une commode attribuée à Charles Cressent est passée sous le marteau de manière quasi inaperçue, le 25 novembre. Adjugée 1,5 million de francs, elle a pourtant doublé son estimation de 600 000 à 800 000 francs. Le 30 novembre, en revanche, tous les amateurs de mobilier avaient fait le déplacement en Bourgogne pour des enchères exceptionnelles au Palais des congrès de Dijon. Me Philippe Sadde et Boris Jivoult y ont dispersé la collection de meubles et objets d’art du comte François de Salverte, parmi lesquels figuraient les plus grandes estampilles du XVIIIe siècle. La plus haute enchère a été portée sur une table rectangulaire en acajou d’époque Louis XVI, qui a doublé son estimation en partant à 700 000 francs. Elle a ainsi volé la vedette à la pendule à l’éléphant de Joseph de Saint-Germain, rappelant celle au rhinocéros que possède le Musée du Louvre : estimée 400 000 francs, elle a été adjugée 670 000 francs. Un bureau à cylindre d’époque Louis XV marqueté, de Jacques-Laurent Cosson, a encore trouvé preneur à 460 000 francs, contre une estimation de 400 000 francs Quant au régulateur de parquet en acajou de David Rœntgen, adjugé 400 000 francs, il est parti en dessous de son estimation. Le lendemain, la vacation dirigée par Mes Poulain et Lefur n’a pas connu le même succès. Quoique 3,5 millions de francs de produit ait été réalisé, seul un guéridon à plateau octogonal en tôle peinte a fait l’objet d’une enchère intéressante parmi les meubles présentés. Estimé 80 000 à 100 000 francs, il est parti à 126 000 francs.
En revanche, la commode Louis XVI à ressauts avec un placage de bois de rose, estampillée RVLC (Roger Vandercruse), n’a pas trouvé preneur. Malgré son estimation raisonnable de 400 000 à 600 000 francs, les réparations du marbre et le remplacement des bronzes ont dû effrayer les amateurs. Les grands meubles semblent surtout souffrir de passer dans des ventes composées. Ainsi le 7 décembre, lors de la vacation dirigée par Me Aguttes, le lutrin en laiton en forme d’aigle de 1383 n’a pas trouvé preneur, malgré une estimation de 300 000 à 400 000 francs, ni le bureau à cylindre en acajou portant la marque au feu du cardinal de Rohan, estimé 400 000 à 600 000 francs, qui a été ravalé. Le succès était bien au rendez-vous de la vente de meubles et objets d’art organisée le 5 décembre par l’étude Piasa. Un guéridon Louis XVI à plateau basculant, attribué à Guillaume Kemp, a ainsi triplé son estimation de 60 000 à 80 000 francs en trouvant preneur à 220 000 francs ; un autre en placage d’acajou, de la fin du XVIIIe siècle, l’a quasiment doublée en partant à 295 000 francs.
Et même si une armoire étroite d’époque Régence n’a fait que 360 000 francs, alors qu’elle était estimée 500 000 à 600 000 francs, l’adjudication à 850 000 francs du bureau de pente estampillé Hache fils à Grenoble (estimé 500 000 francs) est bien la preuve qu’une vacation ciblée peut réunir des amateurs prêts à surenchérir. Mais la plus belle enchère a été portée lors d’une vente composée organisée par Me Cornette de Saint Cyr le 10 décembre. Le bureau plat à gradins du début du XIXe siècle, estampillé Weisweiler, a en effet dépassé toutes les espérances : estimé 400 000 à 500 000 francs, il a été adjugé 960 000 francs. Au cours de la même vacation, une paire de fauteuils à dossier à la reine, estampillés Sené, avait déjà créé la surprise en triplant presque son estimation de 40 000 francs. Enfin, toujours le 10 novembre, la dispersion par l’étude Piasa de la collection de M. et Mme D. a réservé d’excellentes surprises : estimés tous deux 40-50 000 francs, un petit guéridon en placage d’acajou d’époque Empire a fait 200 000 francs, et une petite pendule de cartonnier en bronze doré d’époque Louis XVI, 465 000 francs, tandis qu’un important mobilier de salon d’époque Louis XVI, estampillé G. Jacob – comprenant 6 fauteuils, une paire de bergères et une paire de petits canapés –, partait juste au-dessus de son prix d’estimation à 1,22 million de francs, prix record enregistré lors de cette quinzaine.
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Le mobilier XVIIIe, point fort du marché français
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°50 du 19 décembre 1997, avec le titre suivant : Le mobilier XVIIIe, point fort du marché français