Organisée du 11 au 16 février, l’ARCO a résisté à la crise. Invitée d’honneur, l’Inde a montré que la demande pour ses artistes reste forte.
MADRID - Ouvrant la ronde des foires internationales, l’ARCO à Madrid est emblématique de la donne actuelle du marché. Un marché où, comme l’indique Jean Frémon, codirecteur de la galerie Lelong (Paris, Zürich, New York), « chacun cherche sa ligne de flottaison ». « J’ai amené des choses dans tous les prix et pour tous les goûts, confiait ainsi le marchand madrilène Guillermo de Osma. Il faut être souple, car il y a tellement de variables qu’il est difficile de dire ce qui va fonctionner. » En l’occurrence, seules marchent des œuvres qui tiennent au corps et à l’esprit sans plomber le portefeuille. Des pièces comme cette installation ancienne, et étonnamment non spectaculaire, de Thomas Hirschhorn chez Arndt & Partner (Berlin-Zürich). Ou les expositions personnelles très pointues de Jorge Satorre chez Xippas (Paris), David Maljkovic chez Annette Gelink (Amsterdam) ou encore Raphaël Zarka chez Michel Rein (Paris). Avec des ficelles plus ou moins grosses, plusieurs artistes symbolisaient l’entrée dans une nouvelle ère. En montrant Damien Hirst en train de se tirer une balle dans la tête, Eugenio Merino jouait sur le rire gras à la galerie ADN (Barcelone). Plus subtile, Alicia Herrero, représentée par Mirta Demare (Rotterdam), a suivi de près les ventes publiques de Christie’s et Sotheby’s pour en dégager les jeux de manipulation…
Mieux que prévu
Après un démarrage plutôt lent, la majorité des exposants ont réalisé des ventes, petites ou moyennes. « C’est bien mieux que prévu. On pensait ne rien vendre, mais finalement on ne regrette pas d’être venu. Le marché n’est pas mort », observait le marchand parisien Marcel Fleiss. Celui-ci avait vendu après quatre jours treize œuvres, dont deux photos au Museo nacional Centro de Arte Reina Sofia (Madrid). Connus désormais pour leurs arriérés de paiement, les musées ibériques étaient toutefois moins présents que les années précédentes. Une fois n’est pas coutume, les collectionneurs semblaient plus actifs que les institutions. Les Français Marc et Josée Gensollen ont acheté un Studiolo de Raphaël Zarka, extrapolation du cabinet de travail de Saint Jérôme dans un tableau d’Antonello da Messina. Le Suisse Uli Sigg a emporté pour sa part deux œuvres d’Anatoly Shuravlev chez CMG Gallery (Moscou). Le choix de l’Inde comme pays invité fut finalement une bonne idée. Non seulement le sous-continent n’est pas encore gagné par la récession mondiale, mais ses artistes ont toujours la cote. La galerie Bodhi Art (Mumbai) a ainsi vendu six photos et une installation de Shilpa Gupta (lire p. 13). Les galeries Lelong et Krinzinger (Vienne) ont d’ailleurs cédé en premier leurs poulains indiens. Malgré une Espagne sinistrée par le chômage et la crise immobilière, et une vingtaine de défections dont un pilier comme Lisson (Londres), l’ARCO a tiré ses marrons du feu. « Cette foire était le point de départ de l’année. Une valeur symbolique lui était collée, rappelle Kurt Kladler, de la galerie Charim (Vienne). Si elle n’avait pas fonctionné, les marchands se seraient demandés si cela valait encore la peine d’aller à la foire de Cologne ou sur un tout autre salon. »
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« Le marché n’est pas mort »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°297 du 20 février 2009, avec le titre suivant : « Le marché n’est pas mort »