Justice

Le « Jardin » réhabilité

La cour d’appel de Paris refuse d’annuler la vente de 1992

Par Adam Guillaume · Le Journal des Arts

Le 25 mai 2001 - 514 mots

Classé « monument historique » en 1989, l’authenticité du Jardin à Auvers a été confirmée par la justice. La cour d’appel de Paris a refusé le 7 mai d’annuler la vente organisée par Mes Binoche et Godeau le 6 décembre 1992, au cours de laquelle le banquier Jean-Marc Vernes, décédé en 1996, avait acquis ce tableau pour la somme de 55 millions de francs.

Vincent Van Gogh (1853–1890), Jardin à Auvers, 1890, huile sur toile, 63 x 80 cm. © Cleveland Museum of Art, public domain
Vincent Van Gogh (1853–1890), Jardin à Auvers, 1890, huile sur toile, 63 x 80 cm.

PARIS - Sous la présidence de Francis Cavarroc, la cour d’appel de Paris s’est livrée à une analyse pénétrante à propos du Jardin à Auvers dont l’authenticité avait été mise en doute par une partie de la presse en 1996. Pour l’avocat de Me Binoche, Me Rappaport, la polémique est close : “la cour s’est livrée à une analyse extrêmement précise des arguments avancés à l’appui de cette campagne et elle les a réfutés les uns après les autres”. Dans ses considérants, la cour relève en effet des “contradictions”, des avis “trop succincts”, “très subjectifs et approximatifs”, et même “fantaisistes”, qui n’emportent pas la conviction que le tableau pourrait être l’œuvre d’un faussaire.

Par-dessus tout, ces avis ne sont pas corroborés par l’étude approfondie à laquelle s’est livrée le Laboratoire de recherche des musées de France en 1999 “à l’encontre de laquelle il n’est pas apporté de critiques pertinentes”. Le rôle joué par Le Figaro et son journaliste Jean-Marie Tasset n’a pas échappé à la sagacité de la cour qui souligne “que c’est M. Tasset qui a le premier mis en doute l’attribution du tableau dans une lettre qu’il a adressée à Jean-Marc Vernes le 23 février 1995”, mais “que ces affirmations ne sont étayées par aucun élément précis et sont au contraire contredites”.

L’impossibilité dans laquelle les héritiers Vernes se sont trouvés de produire une confirmation des propos litigieux du docteur Jan Hulsker – l’auteur du dernier catalogue raisonné de l’œuvre de Van Gogh – rapportés par Jean-Marie Tasset dans Le Figaro a pesé lourd... Depuis quatre ans en effet, Me Binoche déclare à qui veut l’entendre que cet entretien de 1997 a été totalement bidonné : “jamais Jean-Marie Tasset n’a rapporté le moindre fax, le moindre enregistrement ou, tout simplement, une lettre de M. Hulsker confirmant ses dires”.

Le commissaire-priseur estime que “le fait de n’avoir pas obtenu de dommages et intérêts est dû à ce que les magistrats savent que je poursuis Jean-Marie Tasset et Le Figaro en diffamation et que c’est plutôt à ce dernier de payer la casse”. Me Rappaport précise à ce sujet que les plaidoiries auront lieu le 14 décembre et conclut pour sa part que “la cour a considéré que les héritiers Vernes n’étaient pas à l’origine de la campagne – il y a pour ça un autre procès... – et qu’ils s’étaient punis suffisamment eux-mêmes en s’autoflagellant... Je persiste à ne pas comprendre pourquoi, lorsqu’on a la chance d’avoir un tel chef-d’œuvre entre les mains, on s’acharne à le dévaloriser en soutenant qu’il n’est pas de Van Gogh !” De son côté, le bâtonnier du Granrut, avocat des héritiers Vernes, n’a encore pris “aucune décision concernant un éventuel pourvoi en cassation”.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°128 du 25 mai 2001, avec le titre suivant : Le « Jardin » réhabilité

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