Les marchands et, surtout, de grands collectionneurs se sont pressés aux ventes de mobilier français, d’objets d’art et de tableaux organisées à Monte-Carlo du 14 au 16 juin, confirmant ainsi le vent de reprise déjà sensible lors des ventes de New York et de Londres.
MONACO - "Ces deux collections étaient la quintessence du grand goût français : le style Louis XV. La France, qui a produit ce beau mobilier, reste le meilleur endroit pour le vendre... Dans le marché actuel, qui est un marché de connaisseurs, un ensemble comme celui-ci – des meubles à la fois raffinés, rares, et ‘dans leur jus’ – était fait pour attirer la crème des collectionneurs."
L’expert en mobilier de Sotheby’s, Alexandre Pradère, ne manquait pas d’arguments pour commenter les résultats exceptionnels de la vente de mobilier et d’objets d’art XVIIIe siècle, organisée par sa société à Monaco le 15 juin. Le produit en a été de 57 365 205 francs, soit plus du double de l’estimation, avec 93 % en valeur vendue.
Véritable coup de fouet
La vacation était composée pour plus des deux tiers de deux collections ayant appartenu aux antiquaires de Bruxelles, Lucien et Françoise Delplace, et à leur confrère parisien René Weiller, décédé il y a une vingtaine d’années.
Tout comme les ventes de mobilier et d’objets d’art de New York et de Londres, également très réussies, celle de Monte-Carlo apportait une preuve supplémentaire que ce secteur du marché connaît, depuis un an, ce qu’un marchand parisien a qualifié de "véritable coup de fouet." De grands marchands, dont le groupe des Antiquaires à Paris – Jean-Marie Rossi, Jacques Perrin, Didier Aaron et Maurice Segoura –, pourtant très dynamiques, ont souvent été coiffés sur le poteau par des collectionneurs, enchérissant dans la plupart des cas par téléphone, qui ont emporté sept des dix lots les plus chers de la vacation.
Les deux magnifiques commodes de la collection René Weiller, en vernis Martin rouge et or, Louis XV, vers 1755, estampillées BVRB, ont été vendues aux Antiquaires à Paris 8 636 500 francs (contre des estimations de 2 à 2,5 millions de francs chacune). Mais le groupe s’est vu ravir, parmi d’autres, une rare commode en bibliothèque de la collection Delplace, époque Transition, vers 1763-1768, estampillée J. F. Oeben, achetée 7 068 500 francs par un collectionneur parisien – très au-dessus de l’estimation de 1 à 1,5 million de francs. Un plateau de table florentin en pietra dura, de la première moitié du XVIIe siècle, à décor de fleurs, de fruits et d’oiseaux, provenant de la collection du cardinal de Mazarin – qui l’avait légué à Louis XIV – est allé à un particulier pour 5 052 500 francs, contre une estimation de 1 à 1,5 million de francs.
Organisée le 16 juin chez Sotheby’s, la vente d’orfèvrerie européenne et d’objets de vitrine a réalisé un produit de 5 820 856 francs, avec 73,82 % en valeur vendue. Un centre de table créé à Paris vers 1761-1762 par Antoine-Sébastien Durand, estimé entre 300 000 et 500 000 francs, a été acquis pour 650 900 francs par ?S.J. Philipps, de Londres ; une paire de flambeaux par L. R. Ruchman, Paris, 1819-1838, estimée entre 120 000 et 150 000 francs, était adjugée 348 500 francs à un collectionneur.
Quoique moins spectaculaire, la vente de mobilier et d’objets d’art de Christie’s, le 15 juin, a également vu la prédominance des acheteurs privés sur les marchands et enregistré quelques très bons résultats. Une paire d’encoignures Louis XVI, estampillées Hache à Grenoble, estimée entre 300 000 et 500 000 francs, a été vendue 740 500 francs ; une paire de consoles en acier forgé, Louis XVI, estimée entre 150 000 et 200 000 francs, 594 900 francs. La vente a enregistré produit total de 9 906 150 francs, avec 71 % en valeur vendue.
La vacation de tableaux anciens chez Christie’s, le 14 juin, a totalisé 4 499 280 francs, avec 66 % en valeur vendue, mais seulement 40 % en nombre de lots. Une Vue du port de Bastia, de Frédéric Bourgeois de Mercey, a été préemptée par les Musées nationaux à 58 500 francs, alors que l’étonnant Portrait d’Henri IV en Hercule-Imperator terrassant l’Hydre de Lerne, vers 1600, estimé entre 2 et 2,5 millions de francs, n’a pas trouvé preneur.
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Le grand goût français à Monaco
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : Le grand goût français à Monaco