L’antiquaire parisienne Ariane Dandois disperse le contenu de sa galerie à New”¯York.
NEW YORK - L’antiquaire Ariane Dandois a tiré sa révérence il y a quelques mois. Elle cèdera le fonds de sa galerie située place Beauvau, à Paris, les 25 et 26 octobre à New York chez Sotheby’s. Pendant plus de trente ans, elle s’est distinguée sur le marché parisien par son éclectisme en marge du traditionnel commerce du mobilier XVIIIe français, avec la présentation de meubles et d’objets d’art européens du XVIIIe siècle, néoclassiques et d’époque Empire. Seuls deux autres professionnels se sont spécialisés dans ce type de mobilier : John Hobbs à Londres et son frère, Carlton Hobbs, installé à New York. Ce goût pour un mélange de styles européens avec des pièces anglaises, italiennes et russes est, par son côté très décoratif, particulièrement apprécié aux États-Unis où réside la majeure partie de la clientèle d’Ariane Dandois. Le décorateur américain Peter Marino, qui a longtemps collaboré avec l’antiquaire, y a fortement contribué. Le choix des États-Unis pour la dispersion du stock Dandois s’imposait de lui-même. L’organisation de l’exposition des meubles et objets de la vente a été confiée au décorateur Juan Pablo Molyneux, dont la mise en scène promet d’être spectaculaire. Pour ce faire, le dixième et vaste étage du building new-yorkais de Sotheby’s a été entièrement mis à sa disposition.
La vente se déroulera une semaine seulement après le premier acte de la trilogie Steinitz, médiocre déstockage de 114 lots de l’antiquaire parisien Bernard Steinitz, orchestré à New York chez Christie’s (1). Ce coup médiatique n’est en rien comparable à la vente consécutive à la fermeture de la galerie Dandois, pour laquelle 828 lots ont été référencés, parmi lesquels 625, estimés moins de 15 000 euros, sont proposés sans prix de réserve. Les estimations sont attractives. Plus de 14 millions de dollars (10 millions d’euros) de produit de vente sont attendus pour les nombreuses pièces de grande décoration, et des meubles importants qui se trouvaient à la galerie. Le meilleur de la création italienne sera représenté par deux paires de fauteuils néoclassiques sculptés en bois doré, vers 1770, de provenance Borghese, estimées 70 000 à 100 000 dollars chacune ; un magnifique lustre néoclassique à 96 lumières, vers 1820, de 264 cm d’envergure, provenant d’un palais génois, estimé 120 000 à 180 000 dollars, et un très beau miroir vénitien rococo, vers 1760, en bois doré, avec des bordures en verre gravé de figures classiques d’après l’antique, estimé 100 000 à 200 000 euros. On remarquera une fine paire de commodes néoclassiques allemandes, vers 1780, à rapprocher du travail de l’ébéniste berlinois Johann Gottlob Fiedler, et un étonnant bureau-coiffeuse néoclassique espagnol, signé Gabriel Gomez et daté de 1817, enrichi de nombreux bronzes d’une grande qualité, meubles estimés 200 000 à 300 000 dollars chacun. Une paire de canapés anglais d’époque George II, vers 1740, en chêne peint en gris, de grandes dimensions, sera vendue en deux lots distincts, estimés 150 000 à 250 000 euros pièce. Une paire de gaines anglaises George II en bois sculpté et doré, surmontées d’un plateau de marbre vert antique, vers 1730, attribuées à John Boson ou Benjamin Goodison et estimée 200 000 à 300 000 dollars, « sont dignes des plus belles ventes de mobilier anglais de Londres », souligne l’expert Mario Tavella. Notons encore une rare commode néoclassique russe, vers 1780, marquetée de vues d’architectures, estimée 200 000 à 300 000 dollars, ou encore une rare paire de meubles français d’époque Empire, vers 1810, attribués à Jacob-Desmalter et faisant office de secrétaire et chiffonnier. Estimée 250 000 à 350 000 dollars, cette paire provient des collections du prince Roland Bonaparte ; son ornementation de bronzes dorés, d’une extrême finesse, est attribuée à Thomire-Duterme. Paradoxalement, le clou de la vente Dandois sera peut-être un meuble français...
(1) « Le goût Steinitz I, II et III », le 19 octobre à New York, le 14 novembre à Paris et le 6 décembre à Londres.
Vente les 25 et 26 octobre, Sotheby’s, New York, tel. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com
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Le fil d’Ariane
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Abonnez-vous dès 1 €- Experts : Mario Tavella et Alistair Clarke - Estimation : 13,5 à 20,5 millions de dollars - Nombre de lots : 828
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°267 du 19 octobre 2007, avec le titre suivant : Le fil d’Ariane