Plusieurs ventes récentes confirment la bonne tenue au enchères des pierres précieuses, surtout de taille moderne.
PARIS - « Diamonds are the girl’s best friend », fredonnait Marylin Monroe. Une ritournelle d’actualité tant les prix des diamants observent une cote à toute épreuve. « Le cours du diamant est indexé sur celui du dollar, mais, malgré les troubles financiers, cette pierre constitue une valeur sûre qui n’a jamais vraiment bougé. Elle gardera toujours sa cote alors que le marché de l’émeraude par exemple est aujourd’hui boiteux », observe Jean-Marc Lunel, responsable du département Bijoux de Christie’s à Paris.
Dans sa vente cataloguée du 26 mars, le Crédit municipal de Paris adjugeait pour 65 000 euros une bague solitaire en platine ornée d’un diamant brillanté de 5,06 carats couleur D, blanc exceptionnel en serti griffé. Cinq jours avant, un diamant de taille émeraude, d’un poids sensiblement équivalent, est parti pour 70 000 euros chez Gros & Delettrez. Des enchères coquettes certes, mais en deçà des 600 000 euros obtenus par un diamant poire, six fois plus gros, chez Digard le 25 juin 2003. « Le marché du diamant se porte bien, mais, comme partout, il y a peu de choses à vendre. Il y a encore six ans, on pouvait trouver en France entre 4 et 6 diamants dépassant les 170 000 euros. Aujourd’hui, c’est plutôt autour de trois, observe l’expert Émeric Portier. Du coup, ces huit derniers mois, les prix ont augmenté de 15 à 20 %. »
Dans sa vente parisienne du 9 juin prochain, Christie’s prévoit deux diamants estimés chacun entre 80 000 et 100 000 euros. L’un est de taille ancienne coussin de 15,63 carats, l’autre de taille moderne de 7,85 carats. Malgré le charme des gemmes taille ancienne, le fossé reste béant entre ces derniers et les tailles modernes, à l’éclat plus ravageur. « Pour un diamant de qualité G ou H, on estime autour de 3 000 euros le carat s’il s’agit d’une taille moderne. À qualité équivalente, une taille ancienne ne vaudrait que 1 000 à 1 200 euros le carat », précise Philippe Ancelin, directeur de Drouot Estimations.
Malgré quelques beaux résultats enregistrés en France, les transactions les plus fastueuses restent la chasse gardée de Sotheby’s et Christie’s en Suisse et à New York. Le 19 novembre 2003, à Genève, Christie’s a cédé à un client russe un diamant ovale de 63,93 carats pour 4,2 millions de dollars (3,5 millions d’euros). Dans sa prochaine dispersion du 19 mai, l’auctioneer ne lésine pas en proposant un diamant de 51,24 carats entre 2,5 et 3,5 millions de dollars.
Le 21 avril, Sotheby’s offre à New York un bel ornement pour cheveux de 1860, dessiné pour l’impératrice Eugénie et constitué de 477 diamants d’un poids total de 66,85 carats, pour 250 000-350 000 dollars. Bien plus modestement, Bergé et Associés a obtenu 330 000 francs suisses (213 385 euros) pour une bague Chaumet sertie d’un diamant de 15,12 carats couleur E, le 18 novembre 2003 à Genève.
Appréciés de tout temps, les diamants de couleur dépassent allègrement les prix des diamants blancs. Les pierres bleues, roses ou rouges sont les plus convoitées. Christie’s propose à New York le 20 avril un diamant vivid blue de 3,77 carats pour 1,2 million de dollars. Le 11 décembre 2003, toujours à New York, Sotheby’s a adjugé un diamant bleu de 5 carats de taille émeraude pour plus de 2 millions de dollars. Une somme qu’aucun expert sensé n’envisagerait pour un diamant blanc de poids équivalent ! On reste d’ailleurs aujourd’hui loin des enchères faramineuses de 1988 à 1995. La plupart des prix records, notamment celui de 16,5 millions de dollars pour un diamant blanc de 100,1 carats chez Sotheby’s, remontent à ces années de vaches grasses. Le plus gros diamant jamais offert sur le marché, de 103,83 carats, est resté sur la touche en dessous de son estimation basse de 8 millions de dollars chez Sotheby’s à Genève le 20 novembre 2003.
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Le diamant : une cote au beau fixe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°191 du 16 avril 2004, avec le titre suivant : Le diamant : une cote au beau fixe