Du 8 au 12 avril, les salons Hoche reçoivent les vingt-cinq galeries qui participent au huitième salon du dessin, une manifestation très attendue par les amateurs de dessins modernes et anciens.
Le dessin de collection regroupe plusieurs marchés différents. Les exemplaires les plus anciens, qui remontent aux XVIe et XVIIe siècles, englobent les productions françaises, italiennes ou nordiques de ces époques. Il s’agit principalement de travaux préparatoires pour des huiles ou des fresques, de croquis ou d’ébauches. Le dessin conçu comme une œuvre à part entière apparaît en France au XVIIIe siècle, à l’initiative du peintre François Boucher. Ce genre qui connaît un immense succès à l’époque, est ensuite repris par les autres écoles européennes, surtout à partir du XIXe. Avec ses dessins très achevés, Boucher répond à la commande de nombreux amateurs du XVIIIe siècle, qui n’ayant pas les moyens de s’offrir des peintures des meilleurs maîtres, manifestent le désir de posséder des œuvres d’une qualité « murale », que l’on peut encadrer et présenter sur un mur, et non en album, le mode de conservation jusqu’alors en usage. Pour le XVIIIe siècle, les collectionneurs apprécient aujourd’hui des œuvres décoratives, aux thèmes agréables.
En complément de la Feuille d’étude avec cinq têtes de putti de Boucher, Bruno Desmaret a choisi pour la galerie Aaron une Femme assoupie de Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), réunissant tous les critères d’un « bon » dessin du XVIIIe : la tête penchée sur l’épaule, les yeux clos, le léger sourire des lèvres donnent un charme doux et léger à cette scène intimiste servie par le trait sûr et le talent accompli de Greuze (350 000 F). Hormis les pièces signées par les grands maîtres, les dessins français XVIIIe de qualité se négocient de 50 000 à 100 000 F, avec des exemplaires mineurs accessibles entre 15 000 F et 25 000 F. Autre genre très en vogue au XVIIIe et dont la mode s’est perpétuée tout au long du XIXe, les dessins ornithologiques et botaniques au fini minutieux et précis, souvent rehaussés d’aquarelle, illustrent la faune et la flore exotiques ou européennes. Ces œuvres, voisines de l’art de la miniature, n’ont pas le côté pensé d’un dessin à thème, mais plaisent pour leur aspect abouti. Suivant la signature et la qualité, il faut compter au moins 30 000 F pour un dessin de ce type. En ce qui concerne les techniques du dessin, qu’il soit ancien, classique ou moderne, les acheteurs affichent une nette préférence pour la couleur : l’aquarelle et la sanguine arrivent en premier dans l’échelle des goûts ; viennent ensuite l’encre et le lavis, la pierre noire et le fusain, enfin la mine de plomb qui se révèle la moins recherchée. Le Salon brille, cette année encore, par ses feuilles du XIXe siècle français, Delacroix chez Terradès et Jean-François Heim, Boilly chez Agnew’s de Londres, Chassériau chez Laurentin ou Isabey chez Arnoldi-Livie de Munich.
Salon du dessin, 9 avenue Hoche, 75008 Paris, 8-12 avril, de 12 h à 20 h 30, nocturne les jeudi 8 et lundi 12 jusqu’à 23 h. À lire le dossier spécial sur le dessin qui paraît dans le Journal des Arts du 8 avril.
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Le dessin français en majesté
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°505 du 1 avril 1999, avec le titre suivant : Le dessin français en majesté